L A multiplication des actes de terrorisme en Israël, l'extrême tension qui règne dans les territoires, les discours incendiaires prononcés au sommet des pays arabes à Amman (où la présence de journalistes israéliens n'a pas été acceptée) témoignent d'une aggravation de la crise du Proche-Orient dont on peut craindre les conséquences à court terme.
Premier constat : toute négociation est repoussée sine die. Il est impossible de parlementer dans un climat empoisonné par les attentats-suicides, par la fumée des gaz lacrymogènes et par des crimes de sang-froid, comme ce fut le cas pour une petite fille israélienne de six mois, assassinée par un tireur d'élite palestinien qui a largement pris le temps d'identifier sa cible et dont la mort, semble-t-il, n'a pas suscité autant d'émotion que celle du petit garçon palestinien pris, en septembre dernier, dans un tir croisé au début de l'intifada.
Cette fois, pourtant, le meurtre était délibéré. On peut penser que les colons israéliens n'ont rien à faire à Hébron, on ne peut pas accepter qu'un bébé soit froidement tué.
Deuxième constat : les Israéliens, qui se sont donné un homme fort comme Premier ministre, avec l'espoir qu'il saurait les protéger, voient aujourd'hui qu'il n'est pas mieux armé qu'une « colombe » contre le terrorisme aveugle.
Troisième constat : Ariel Sharon, dont on pouvait craindre un comportement plus militaire que diplomatique, n'a pas réagi, jusqu'à présent, par un usage accru de la force pure. Mais, compte tenu des réactions populaires en Israël, il peut perdre sa prudence relative à tout instant.
Quatrième constat : Yasser Arafat poursuit, depuis septembre 2000, une stratégie qui a au moins le mérite de la clarté ; au sommet arabe, il a tout fait pour envenimer le débat, tout en se disant prêt à négocier ; il continue d'espérer un élargissement du conflit, qui n'est pas souhaité par les modérés. Les attentats n'ont pas d'autre objectif : provoquer une pénétration des forces israéliennes dans les territoires qui serait aussitôt dénoncée comme il se doit et pourrait conduire les états arabes à offrir aux Palestiniens une assistance militaire. Le risque d'une guerre régionale ne peut donc pas être exclu.
Le terrorisme a toujours été l'arme d'une diplomatie sans concession : les Palestiniens se sont plaints des retards intolérables dans la mise en œuvre des accords d'Oslo et justifient leur comportement d'aujourd'hui par ces retards. Mais ce sont des actes terroristes et les assauts du Hezbollah qui ont porté au pouvoir Benjamin Netanyahou, lequel, pendant trois ans, a gelé le processus de paix. Il n'a signé qu'à contrecœur les accords de Wye et ne les a pas appliqués. Plus tard, en 2000-2001, c'est la même violence qui a fait élire M. Sharon. Dans les événements qui se préparent, il ne faudra pas omettre de situer les responsabilités.
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