La réforme des études médicales

La suppression du concours de l'internat approuvé par 68 % des médecins

Publié le 23/01/2001
Article réservé aux abonnés

V OICI au moins une bonne nouvelle pour Elisabeth Guigou qui veut renouer les fils du dialogue avec les médecins libéraux : la réforme programmée du concours de l'internat à l'horizon 2004, prévue dans le projet de loi de modernisation sociale que l'Assemblée nationale vient de voter en première lecture, est plébiscitée par les médecins généralistes.

Selon un sondage IPSOS réalisé pour « le Quotidien », 83 % des généralistes sont favorables à cette réforme dont le principe avait été annoncé par Lionel Jospin en juin 1999 (34 % des généralistes y sont « tout à fait favorables » et 49 % « plutôt favorables »).
Cette adhésion massive n'est en fait guère surprenante. La suppression du concours d'internat dans sa forme actuelle vise précisément à rendre à la médecine générale ses lettres de noblesse en créant un accès unique au troisième cycle et en rapprochant les cursus de médecine générale et de spécialités. Le Premier ministre l'avait dit en 1999 et Elisabeth Guigou l'a répété en 2001 : la réforme « donnera toute sa place à la médecine générale » qui sera reconnue comme une spécialité comme les autres. Les représentants des généralistes ne s'y trompent pas, qui voient dans cette réforme un premier pas vers le rapprochement entre le tarif du C des généralistes (115 F) et le tarif du Cs des spécialistes (150 F).

48 % des spécialistes « favorables »

Les spécialistes adhèrent moins volontiers à la réforme annoncée. Seule une courte majorité relative (48 %) y est favorable contre 45 % qui sont « plutôt » ou « tout à fait » opposés. Ce scepticisme, qui est loin de marquer un rejet, a plusieurs explications. Le concours de l'internat, même s'il a perdu beaucoup de son prestige d'antan, et malgré la forte diminution du nombre d'internes au cours des dix dernières années, reste un symbole puissant et la marque de fabrique d'une certaine élite médicale. Certains spécialistes craignent un nivellement de la formation par le bas et une régression. « La réforme (...) nous paraît dangereuse car elle risque de conduire à la dévalorisation de la fonction d'interne, qui n'en a pas besoin », écrit un ancien président de l'Intersyndicat national des internes dans la dernière « Lettre de l'Internat ». Autre raison de la méfiance des spécialistes : les modalités précises de la réforme ne sont pas connues et les spécialistes ne voient guère, pour l'instant, en quoi elle leur profitera alors que leurs attentes restent fortes en matière d'évaluation des enseignements, de qualité des stages offerts, et même de statut.
En tout état de cause, si elle continue de marquer un certain clivage entre généralistes et spécialistes, la réforme de l'accès au troisième cycle médical n'est plus du tout un terrain de division : au total, 68% des médecins libéraux la soutiennent.

Une réforme approuvée surtout par les généralistes

Le concours de l'internat dans sa forme actuelle va être supprimé et désormais les modalités d'accès au troisième cycle seront identiques pour les futurs généralistes et les futurs spécialistes. Etes-vous tout à fait favorable, plutôt favorable, plutôt opposé ou tout à fait opposé à cette réforme ?

 
Ensemble des médecins libéraux %
Généralistes %
Spécialistes %
Tout à fait favorable
26
34
15
Plutôt favorable
42
49
33
--Sous total
68
83
48
Plutôt opposé
17
10
26
Tout à fait opposé
9
2
19
--Sous total
26
12
45
Ne se prononcent pas
6
5
7
Total
100
100
100

(1) Sondage effectué par téléphone du 16 au 18 janvier 2001, auprès d'un échantillon de 352 médecins libéraux exerçant en France répartis comme suit : 176 médecins généralistes et 176 médecins spécialistes.

Cyrille DUPUIS

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6841