La surveillance active, une option viable dans les cancers de la prostate localisés

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Publié le 22/03/2017
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Crédit photo : S. Toubon

Deux études observationnelles publiées dans le « JAMA » dressent un tableau complet des effets secondaires associés aux différentes stratégies de traitement du cancer localisé de la prostate : prostatectomie, radiothérapie, curiethérapie ou surveillance active. Il en ressort que la surveillance active reste une option viable qui préserve la qualité de vie des patients touchés par cette pathologie avec un risque d'évolution parfois très faible.

Dans la première étude, le Dr Daniel Barocas, du centre médical Vanderbilt, à Nashville, et ses collègues, ont inclus dans leur analyse les données d'un registre de 2 550 patients d'un âge moyen de 64 ans. Environ 60 % d'entre eux ont été orientés vers la prostatectomie, 24 % vers la radiothérapie, et 17 % vers la surveillance active. La qualité de vie des patients était mesurée via des questionnaires réalisés au bout de 6, 12 et 36 mois.

Après un suivi de 3 ans, les auteurs notent que la prostatectomie radicale est associée à une diminution plus importante des fonctions sexuelles et un plus grand risque d'incontinence urinaire que les autres options. Les patients passés par la case curiethérapie ou radiothérapie ont cependant plus de symptômes irritatifs que les patients opérés ou sous surveillance. Il n'y avait en revanche pas de différence en ce qui concerne les fonctions hormonales et ano-rectales.

Dans la seconde étude, les chercheurs de l'université de Caroline du Nord de Chapel Hill ont traité les données 1 141 hommes dont 41 % ont été traités par prostatectomie radicale, 22 % ont bénéficié d'une radiothérapie, 9,6 % d'une curiethérapie, et 28 % faisaient l'objet d'une surveillance active.

Là encore, les chercheurs ont noté des scores de dysfonctions érectiles aggravés chez les patients ayant bénéficié d'une prise en charge chirurgicale, de même qu'un risque accru d'incontinence. Les patients bénéficiant d'une radiothérapie ou d'une curiethérapie connaissent pour leur part plus fréquemment une aggravation de l'obstruction urinaire ou une irritation. Enfin, une augmentation des troubles des fonctions ano-rectales est observée seulement chez les patients sous radiothérapie. Au bout de 2 ans, ces différences s'estompent, et les effets secondaires deviennent aussi fréquents, quel que soit le protocole thérapeutique. « Les patients sous traitement expérimentent plus tôt des troubles qui sont principalement liés à l'âge chez ceux sous surveillance », analysent les auteurs pour qui ces données vont faciliter la capacité des médecins à conseiller les patients.

Un risque de mortalité très faible

Dans un éditorial associé à ces deux études, le Dr Freddie Hamdy, du département d'urologie d'Oxford, et Jenny Donovan, spécialiste des questions médico-sociales à l'université de Bristol, estiment que « plus de 3 décennies de tests PSA ont conduit à un surtraitement des cancers de la prostate à un stade peu avancé, précisent-ils à l'heure actuelle, nous manquons encore de données de bonne qualité pour informer objectivement les patients des risques associés aux différents traitements ».

Pour ces deux spécialistes, le risque d'évolution des cancers localisés de la prostate est « généralement faible ou très faible ». Ils rappellent que seuls les critères histopathologiques permettent de stratifier le risque d'évolution : « Plus la structure de la glande est perturbée, plus le cancer risque de se montrer agressif, soulignent-ils, le pourcentage de cellules cancéreuses dans la biopsie est également un élément important. »

Lors de travaux publiés l'année dernière dans le « New England Journal of Medicine », (étude ProtecT) un suivi mené sur 10 ans avait montré la faible mortalité par cancer des patients ayant un cancer localisé de la prostate : moins de 5 morts pour 1 000 patients/années, sans différence significative entre les différentes stratégies. Par ailleurs, il n'y a pas de progression de la maladie chez 80 % des patients sous surveillance active.

« Les deux nouvelles études comprennent des patients ayant bénéficié des dernières avancées en matière de prise en charge : des prostatectomies robot assistées, de meilleures techniques de radiothérapie, et une surveillance de meilleure qualité, précise le Dr Hamdy, et pourtant leurs résultats sont proches des ceux publiés dans le "New England", dont les participants bénéficiaient de techniques plus anciennes. »


Source : lequotidiendumedecin.fr