Des chercheurs de la Mayo Clinic, aux États-Unis, rapportent que la varénicline (Champix) – molécule synthétisée par le laboratoire Pfizer, qui a financé l’étude – serait efficace pour diminuer progressivement de fumer. Les auteurs de l’essai randomisée constatent, dans le « Journal of the American Medical Association », qu’après six mois de traitement, les participants sous varénicline sont au moins quatre fois plus nombreux à avoir cessé de fumer (32,1 %) que les témoins placebo (6,9 %). À un an, ils sont toujours de deux fois plus nombreux à être abstinents (27 % contre 9,9 %), malgré l’arrêt du traitement.
L’étude présente la particularité de porter sur 1 510 fumeurs qui n’étaient pas prêts à renoncer brutalement à la cigarette, mais voulaient bien essayer d’arrêter progressivement. « C’est un profil de fumeur que l’on voit fréquemment : ils sont dans l’entre-deux et repoussent l’arrêt au lendemain. Et cette étude montre qu’on peut être actif avec ces fumeurs également, et donc avoir un plus grand nombre de gens qui s’engage dans le processus d’arrêt », explique le Pr Henri-Jean Aubin, psychiatre addictologue à l’hôpital Paul-Brousse de Villejuif.
Le praticien rappelle qu’en France la varénicline n’est prescrite qu’en deuxième intention, après la nicotine, chez des patients décidés à devenir abstinents dans la semaine suivant l’initiation du traitement. « Ça, c’est l’indication AMM… Après, dans la pratique, on sait que c’est plus difficile et on se doutait bien que si on les laisse sous traitement, qu’on persiste, ça finit par marcher », indique-t-il, rappelant que, vis-à-vis de la cigarette, une approche de « consommation contrôlée » n’est pas un objectif en soi et qu’il faut viser l’abstinence.
Des effets secondaires connus…
Dans l’étude, des effets secondaires sévères ont été constatés chez 3,7 % des individus sous varénicline et 2,2 % des témoins. Selon les auteurs, le traitement n’aurait pas augmenté les risques d’idées suicidaires ou de dépression.
Mais tous les regards sont tournés vers la tolérance du traitement. Des études ont effet montré un lien entre la varénicline, des risques d’épisodes dépressifs et suicidaires, et des risques d’infarctus du myocarde. En France, la molécule, maintenue sous surveillance renforcée par l’Afssaps (devenue ANSM), n’est plus remboursée et n’est pratiquement plus prescrite, ce que déplore le Pr Aubin : « La France est le seul pays, à ma connaissance, à la prescrire en deuxième intention. Les autres la prescrivent en première intention. Il y a eu chez nous une campagne de dénigrement de son efficacité par rapport aux autres options thérapeutiques, et on a grossi les risques, qui ne sont pas établis ».
Jon O. Ebbert et al, Effect of Varenicline on Smoking Cessation Through Smoking Reduction, 17 Fev 2015
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