A VANT l'élection présidentielle américaine, en novembre dernier, il était de bon ton de s'élever ici, en France, contre la thèse « politiquement correcte » selon laquelle Al Gore était préférable à George W. Bush.
Mais dans toute analyse, l'objectif n'est pas d'être politiquement incorrect. Ceux qui connaissent un peu la politique américaine ne sont pas surpris aujourd'hui des décisions du président des Etats-Unis, qui sont d'ailleurs conformes à ce qu'il avait dit pendant sa campagne. A une ouverture de l'Amérique sur le monde a succédé une Amérique qui ne s'intéressera au monde, désormais, que pour y défendre ses intérêts.
M. Bush a donc commencé à réduire la présence militaire en Bosnie, alors même que la KFOR se débat contre l'UCK en Macédoine. M. Bush n'a pas pour la Russie postcommuniste les yeux de Chimène et il traite Moscou comme au temps de la guerre froide. L'expulsion de cinquante diplomates russes au lendemain de la découverte de l'espion américain Robert Hanssen en témoigne : M. Bush a vu dans cette affaire un acte d'agression de la Russie. Mais Hanssen a spontanément proposé ses services à l'ambassade russe à Washington et les Américains eux-mêmes pratiquent l'espionnage tous azimuts, en particulier avec le système d'écoute Echelon, qui surveille non seulement les Etats communistes ou ex-communistes mais les pays alliés européens.
M. Bush met en œuvre le bouclier antimissiles, contre la volonté des Russes et celle des Européens, et au risque de créer un déséquilibre stratégique propice à la tension entre l'Est et l'Ouest qui n'ont plus, pourtant, la moindre raison idéologique de s'affronter.
Les premiers gestes de M. Bush ont consisté à donner un coup d'arrêt à l'IVG et à réduire les impôts en comptant sur des recettes budgétaires qui risquent de n'être plus assurées à cause du ralentissement de la croissance.
Pour les Balkans, les relations avec l'Europe de l'Est, avec la Chine et la Corée du Nord, M. Bush conduit une politique faite à la fois de désengagement et de fermeté extrême. Il a balayé d'un revers de main les engagements des Etats-Unis en matière de protection de l'environnement, en donnant de la sorte un gage au big business et en rejetant les responsabilités du pays le plus pollueur du monde.
Rien ne dit d'ailleurs que cette politique égoïste, centrée sur les intérêts immédiats des Etats-Unis et indifférente au reste du monde ne va pas réussir.
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