L'accouchement dans l'eau à la recherche d'un second souffle

Publié le 05/03/2001
Article réservé aux abonnés

L E 12 mai prochain, sous l'impulsion de l'association belge Aquarius*, des obstétriciens, sages-femmes, parents et psychologues feront le point, à l'UNESCO, à Paris, sur l'accouchement dans l'eau.

Cette approche d'obstétrique, alternative à l'accouchement traditionnel, reste méconnue des Français et mal aimée du monde médical alors qu'aux Etats-Unis, comme dans la plupart des pays d'Europe du Nord, de nombreuses maternités l'ont adoptée. Et pourtant, tout est parti de l'hôpital général de Pithiviers, dans les années soixante-dix/quatre-vingt. C'est le Dr Michel Odent, pionnier mondial en la matière, aujourd'hui praticien à Londres, qui en a lancé la mode.
A l'époque, la démarche se veut « écologique ». La maternité du chef-lieu d'arrondissement du Loiret réalise quelque 100 accouchements dans l'eau par an. La décennie suivante, l'intérêt, grandissant, est « d'ordre physiologique ». De 2 000 à 3 000 nouveau-nés sortent de l'eau annuellement, dans un environnement contesté par les opposants hospitalo-universitaires, dit au « Quotidien » le Dr Patrick Stora, l'un principaux promoteurs de l'accouchement aquatique. Gynécologue-obstétricien exerçant en libéral à Pau, il en réalisera 300 en deux ans, à la fin de la décennie quatre-vingt, soit 40 % de sa clientèle.
Mais les détracteurs médicaux de la méthode auront le dessus. « Leur argument est simple, commente le praticien : l'enfant naît naturellement hors de l'eau. » Les partisans, de leur côté, leur opposent un raisonnement également élémentaire. « S'il n'y a pas d'avantage particulier, il n'existe pas non plus d'inconvénient. On enregistre, même, affirment-ils, moins de péridurales ». « Les études physiologiques et neurophysiologiques sur le sujet, belges, allemandes ou anglaises, le confirment », souligne le Dr Patrick Stora.
Actuellement, après le désengagement du corps médical français -  « Pithiviers, c'est fini depuis plus de dix ans ! » -, ce sont des associations de parents qui prolongent, timidement, la mode « écolo » de l'accouchement aquatique, à domicile, avec le concours de sages-femmes. « Ce qui n'est pas sans risque pour la centaine de nouveau-nés qui naissent ainsi chaque année, faute d'un encadrement et de baignoire médicale », prévient le Dr Patrick Stora.

* Créée, à Ostende, par Isabelle et Yves Smedt, spécialistes du yoga, de techniques de relaxation de massage. Tél. 01.43.29.68.65.

Philippe ROY

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6870