C ETTE publication confirme une donnée déjà connue, à savoir que l'activité intellectuelle protège de la MA et elle ajoute de nouvelles informations positives concernant les activités physiques et celles dites passives. Des travaux dans les pays occidentaux et en Asie ont déjà montré que l'incidence comme la prévalence de la MA suivent une pente en raison inverse du niveau d'éducation. Selon la « East Boston Study », il existe une réduction de 17 % du risque de MA par année d'éducation. L'auteur, R. Katzman, a proposé comme explication une amélioration de la complexité synaptique.
Des constatations similaires ont été faites pour les acquisitions liées à l'activité professionnelle. Partant de ces bases, Robert Friedland et coll. (Case Western University, Cleveland) se sont intéressés au niveau de participation à diverses activités.
Dans le cadre d'une étude cas-contrôle, ils ont fait remplir des questionnaires pour passer en revue vingt-six activités non professionnelles entre les âges de 20 et 60 ans, chez 193 personnes ayant une forte probabilité de MA et 356 sujets contrôle en bonne santé. Ils ont établi une classification des niveaux d'activité selon la diversité (nombre total d'activités), l'intensité (le nombre d'heures par mois) et le taux d'activité (pourcentage d'heures dédiées à chaque catégorie d'activité).
On constate dans le groupe contrôle une activité significativement plus importante aux âges moyens de la vie que dans le groupe des sujets malades, pour les trois catégories : intellectuelles, passives et physiques. L'odds ratio pour la MA chez les personnes accomplissant une activité inférieure au niveau moyen est de 3,85 (p < 0,001). La différence persiste après ajustement pour l'âge, le sexe, les revenus et le niveau d'éducation. Pour les personnes relativement peu investies dans les trois types d'activités, il existe une augmentation de 250 % du risque de développement de la MA.
En combinant le tout, on peut comprendre qu'une participation pauvre aux activités aux âges moyens de la vie en association à un bas niveau d'éducation ou de réalisation professionnelle correspond à un facteur de risque de MA.
A l'inverse, plus on consacre de temps aux travaux intellectuels ou physiques entre 20 et 60 ans, plus la probabilité de MA diminue.
Pour ce qui est de l'activité physique, on peut comprendre que le bénéfice peut provenir d'un mode de vie particulier, avec une réduction du poids corporel, une meilleure alimentation (consommation accrue d'antioxydants et diminution des graisses), un bon état cardio-vasculaire...
Ces résultats son compatibles avec ceux, récemment publiés, de Hultsh et coll. qui rapportent qu'un engagement dans des activités intellectuelles contrebalance le déclin cognitif naturel mesurable.
« Ils confortent aussi avec la notion selon laquelle la complexité de l'environnement est associée à un meilleur fonctionnement cognitif », écrivent les auteurs.
On ne peut exclure la possibilité que ces résultats reflètent les effets précoces de la maladie, plusieurs décennies avant l'apparition des symptômes, observent les auteurs. L'équipe de Snowdon apporte un argument en faisant la démonstration d'une remarquable relation entre les aptitudes linguistiques précoces et le risque de MA. Les études par tomographie avec émission de positron ont aussi montré que les effets métaboliques de la MA chez les homozygotes pour l'apoE4 peuvent être perceptibles de dix à vingt ans avant le diagnostic.
« Proc Natl Acad Sci USA », 13 mars 2001, vol. 98, n° 6, pp. 3440-3445.
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