U NE simple coïncidence a fait que le président du Congo (ex-Zaïre), Laurent-Désiré Kabila, a été assassiné à la veille de la réunion, à Yaoundé, du sommet franco-africain.
Mercredi, on ne savait d'ailleurs pas si M Kabila était mort. On nous disait que son fils avait pris le pouvoir et que son assassin avait été abattu. Un coup d'Etat manqué, en quelque sorte. Pendant ce temps, l'Elysée faisait savoir qu'il fallait « être attentif aux aspirations des populations » en Afrique. Ce pieux raisonnement était complètement déphasé par rapport à la réalité africaine. La République démocratique du Congo (RDC) est un vaste pays africain doté de richesses naturelles. Mais, comme d'autres Etats du continent, le pouvoir y était assuré par un homme dont le profil était plus proche du mafioso que du politicien. Il y a quatre ans, il avait été placé au pouvoir par une coalition des pays de la région des Grands Lacs, avec le soutien des Etats-Unis, pour succéder à Mobutu Sésé Séko, qui devait bientôt mourir. Il n'a pas fait mieux que son prédécesseur et peut-être a-t-il fait pire.
Mais Kabila n'est pas la victime d'un coup d'Etat organisé par des forces soucieuses de stabilité ou de justice. Il est mort parce qu'il voulait sans doute limoger le chef de sa garde personnelle. La RDC est donc passée du chaos au chaos pendant que le reste du continent, de la Corne de l'Afrique à l'Angola en passant par la Sierra Leone et le Liberia, sombre dans une anarchie indescriptible. Souvent, ce sont des chefs de bande, comme en Somalie, qui dirigent ce qui n'est plus un pays mais des morceaux de territoires. En Sierra Leone, les insurgés coupent des bras des civils pour qu'ils ne puissent plus jamais s'emparer des minerais où se logent les diamants. Des peuples entiers sont à l'agonie, victimes du SIDA, de la malnutrition ou de la famine, pendant que ceux qui leur servent de représentants s'enrichissent en toute illégalité.
On voudrait bien que le sommet franco-africain fasse autre chose que de soucier verbalement du sort des populations civiles. Le Rwanda n'a toujours pas pansé les plaies horribles du génocide pendant que le Burundi est menacé par le type de conflit ethnique qui a ravagé son voisin. Aucune puissance ne veut envoyer des troupes pour instaurer l'ordre. Des centaines de millions d'Africains sont abandonnés à un sort épouvantable.
Ce qui est sûr, c'est qu'ils n'ont besoin ni d'armées ni d'armes, mais de nourriture et de médicaments. Les sommets politiques ne sont peut-être pas tout à fait inutiles, mais ils seraient plus efficaces s'ils décrétaient un embargo sur les armements, s'ils se donnaient les moyens d'une aide sanitaire et alimentaire, s'ils envoyaient là où ils sont nécessaires des corps expéditionnaires capables de mettre un terme aux agissements des brigands qui gouvernent quelques pays.
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