UNE ETUDE sur un modèle de rats traités par la streptozocine, qui inhibe les voies de signalisation où intervient l'insuline, fait plaider en faveur d'une origine neuro-endocrine de la maladie d'Alzheimer, que les auteurs n'hésitent pas à présenter comme un « diabète de type 3. » Avec, évidemment, l'idée d'un traitement métabolique s'adressant aux stades précoces.
Dans le « Journal of Alzheimer Disease »*, Suzanne de la Monte et coll. décrivent une réduction significative de la concentration de l'insuline et de ses récepteurs dans le cerveau d'individus frappés par la maladie d'Alzheimer aux stades du début. C'est la première équipe à s'intéresser dans cette optique aux stades précoces. Ils trouvent ensuite une diminution progressive de ces paramètres à mesure que la maladie devient plus sévère, aboutissant à une réduction de 80 % du taux normal. « Ce qui ajoute des arguments à l'hypothèse selon laquelle la maladie d'Alzheimer serait un nouveau type de diabète. » Enfin, ils montrent aussi que le déficit en acétylcholine caractéristique de cette maladie est en relation directe avec les réductions des fonctions de l'insuline et de l'IGF (Insulin Growth Factor).
La cascade d'événements qui conduit à la neurodégénérescence dans la maladie d'Alzheimer est associée à un stress oxydatif persistant, à un dysfonctionnement mitochondrial, à une altération du métabolisme énergétique et à une activation des voies de signalisation menant à l'apoptose.
Réduction de l'expression des gènes de l'insuline, de l'IGF.
Des études récentes post-mortem ont lié ces caractéristiques moléculaires à une réduction de l'expression des gènes de l'insuline, de l'IGF et de leurs récepteurs correspondants. Données que l'équipe de S. de la Monte confirme, par analyse de la fonction insuline et de ses récepteurs dans le cortex frontal de 45 patients décédés après un diagnostic d'Alzheimer.
Les chercheurs de Rhode Island vont plus loin et montrent sur un modèle animal, à l'aide d'injections intracérébrales de streptozocine, que le déficit dans les signalisations impliquant l'insuline et l'IGF (entraînés par la streptozocine), combinés à l'agression oxydative, sont suffisants pour causer une neurodégénérescence de type Alzheimer.
« Les rats auxquels la streptozocine a été injectée n'ont pas d'élévation de la glycémie, leur architecture pancréatique et l'immunoréactivité à l'insuline sont similaires à ceux des rats contrôles. Mais ils présentent une réduction de la taille du cerveau. Et l'expression des gènes correspondant aux neurones et aux oligodendrocytes est réduite. A l'inverse, les gènes codant les protéines des fibrilles gliales, de tau et de l'APP (Amyloid Precursor Protein) sont significativement augmentés. »
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