L’inhibiteur d’aromatase anastrozole (Arimidex et génériques) a la même efficacité que le tamoxifène dans la prévention des récidives du carcinome canalaire in situ chez la femme ménopausée, selon les résultats de l’étude IBIS-III DCIS présentés vendredi au symposium sur le cancer du sein de San Antonio qui s’est tenu jusqu’au 12 décembre.
« Les inhibiteurs d’aromatases de troisième génération sont plus efficaces que le tamoxifène pour empêcher les récidives des cancers invasifs hormonodépendants, affirment les auteurs, mais nous ne savions pas si c’était aussi le cas avec les stades précoces du cancer du sein ». Cet essai fait suite à « plusieurs travaux montrant que les inhibiteurs des aromatases étaient plus efficaces que le tamoxifène pour prévenir les récidives de cancer invasifs après une chirurgie », explique le Pr Jack Cuzick, directeur de l’institut de médecine préventive Wolfston de l’université Queen Mary de Londres qui a dirigé ces travaux.
Une différence non significative
Un total de 2 980 patientes ayant un carcinome canalaire chirurgicalement retiré ont été recrutées. Pendant les 5 années qui ont suivi l’opération, 1 471 patientes ont reçu 1 mg par jour d’anastrozole et 1 509 ont reçu 20 mg par jour de tamoxifène. Chaque femme recevait en outre un placebo de l’autre traitement, afin de pouvoir réellement comparer les deux bras de l’étude.
Après un suivi médian de 7,2 ans, 144 participantes ont développé de nouveau un cancer du sein (67 dans le groupe anastrozole et 77 dans le groupe tamoxifène), et 69 sont mortes (respectivement 33 et 36). Ces chiffres permettent d’établir la non-infériorité de l’anastrozole, mais pas sa supériorité.
Les patientes du groupe anastrozole avaient un risque de récidive diminué de 11 % par rapport à celles sous tamoxifène. Cette différente n’était pas significativement différente.
« L’efficacité de ces deux traitements est similaire mais les profils des effets secondaires sont très différents », résume le Pr Cuzick. Les femmes sous anastrozole ont développé moins de cancer de l’endomètre, de cancer de l’ovaire et de cancer de la peau, mais elles ont plus fréquemment eu un AVC. À ce stade de l’analyse, les chercheurs ne peuvent toutefois pas se prononcer sur le risque de décès. Les auteurs pensent qu’un suivi plus long pourrait donner un avantage à l’anastrozole en ce qui concerne le risque d’effet secondaire et leur gravité. Ils notent plus d’événements thromboemboliques, de saignements vaginaux chez les femmes sous tamoxifène et plus de fractures, de problèmes musculosquelettiques et de sécheresses vaginales chez les femmes sous anastrozole. Des profils d’événements secondaires déjà observés dans les essais évaluant l’anastrozole dans la prévention des récurrences des cancers invasifs du sein.
Un choix selon le profil de la patiente
Les auteurs estiment que l’anastrozole offre une nouvelle option pour traiter les carcinomes canalaires in situ hormono dépendants, et que le choix dépendra du profil de la patiente. Les patientes ayant des antécédents de thromboses veineuses pourraient être préférentiellement orientées vers l’anastrozole tandis que celles souffrant d’ostéoporose pourraient prendre du tamoxifène.
En France, les dernières recommandations de l’Institut national du cancer (INCa) sur le traitement des carcinomes canalaires in situ, précisent qu’il n’y a pas suffisamment d’arguments pour recommander une hormonothérapie après chirurgie conservatrice ou mastectomie.
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