C 'EST une exposition de peinture intéressante, consacrée aux uvres de patients atteints de trouble bipolaire, que Sanofi-Synthélabo France a récemment présentée dans ses locaux du Plessis-Robinson, près de Paris, en partenariat avec le Dr F. Granier, responsable de l'unité psychothérapique de transition du CHU de Purpan-Casselardit, à Toulouse.
A cette occasion, Michel Joly, directeur des opérations SNC, a rappelé que le système nerveux central représente un axe de recherche essentiel pour Sanofi-Synthélabo, qui s'est notamment impliqué depuis de nombreuses années dans la connaissance et la recherche thérapeutique sur le trouble bipolaire.
Des ateliers particulièrement créatifs
Les ateliers d'art-thérapie dirigés par le Dr F. Granier s'inscrivent dans le cadre de la prise en charge au long cours des patients bipolaires. Cette expérience très instructive repose sur la manipulation du matériau artistique, sachant qu'un certain nombre de sujets cyclothymiques ont une nette aptitude pour le rythme, la musique, les arts plastiques. Les patients n'ont pas de formation artistique, mais leur potentiel créatif se révèle à l'occasion de leur maladie. Comme le souligne le Dr Granier, « ces ateliers d'art-thérapie sont complémentaires du traitement médicamenteux qui, s'il est bien adapté, ne compromet en rien la créativité des patients. En effet, les médicaments permettent de calmer les accès, mais ne modifient pas la structure psychique de fond et donc les styles correspondants. »
Les ateliers étant situés à proximité immédiate du lieu d'hospitalisation, les patients s'y rendent spontanément et certains vont s'intéresser à une pratique artistique.
L'intérêt de ces ateliers est de mettre en valeur les aspects positifs des patients, c'est-à-dire leur charisme, leur facilité de communication lorsqu'ils vont bien, afin de provoquer une compétition entre les patients. Le groupe ainsi dynamisé permet à chacun de ses membres de parvenir à un travail de recherche personnel, ce qui enrichit le niveau global de l'atelier et pousse les patients à se construire par rapport à l'objet culturel.
Le Dr Granier précise que « l'art-thérapie n'est pas une autothérapie, mais un accompagnement par le psychothérapeute du processus de création. L'art-thérapie ne se résume pas à une dimension séméiologique, pourtant indiscutable, mais représente un processus psychothérapique de transformation des capacités d'expression de soi. C'est en cela que les tableaux de cette exposition, par leur valeur esthétique, constituent des documents objectifs de l'évaluation de l'efficacité de l'art-thérapie ».
Que se passe-t-il au-delà de cette expérience d'art-thérapie ? Certains patients voient leur créativité disparaître avec l'amendement de la crise, mais ils s'intéressent alors à un autre domaine avec reprise des adaptations dans la vie quotidienne (pour revenir parfois cinq à dix ans plus tard à leur intérêt artistique). D'autres au contraire vont se vouer à une pratique artistique, quitter l'atelier pour travailler chez eux, et parfois même effectuer les démarches nécessaires pour exposer leurs uvres (le sujet maniaque ayant des facilités de communication par rapport au schizophrène).
Néanmoins, la relation avec le patient est toujours maintenue par le projet thérapeutique et cette relation de correspondance permet d'avoir une information sur leurs activités à l'extérieur.
A lire : « De l'exaltation à la dépression », de Kay Redfield Jamison (confession d'une psychiatre maniaco-dépressive), Réponses/Robert Laffont.
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