D EVANT la grande demande de prises en charge, le centre de psychothérapie de victimes, créé en 1995, a été amené à proposer un travail de groupe à visée thérapeutique à des femmes victimes de viol(s), à l'instar de protocoles déjà décrits, utilisés dans d'autres pays. Cette prise en charge structurée et relativement limitée dans le temps fait appel à des techniques cognitives et comportementales pour travailler sur l'événement traumatique et ses conséquences. L'intérêt du groupe est de combattre l'isolement dont témoignent ces femmes, de faciliter l'expression et de réduire le coût du traitement.
Le groupe fonctionne au rythme de 12 séances hebdomadaires de 1 h 30 chacune. Un bilan de pré- et postgroupe est proposé, à l'aide de questionnaires, portant sur le traumatisme et certains troubles associés (tableau clinique post-traumatique). La première séance est consacrée à l'information : présentation du groupe, explication du syndrome post-traumatique et du principe des stratégies thérapeutiques utilisées. Au cours des six séances suivantes sont abordés : le récit du viol et son cortège d'émotions, l'influence de l'interprétation et de l'estimation de soi sur le vécu émotionnel, les liens entre les pensées et les sentiments consécutifs au traumatisme, l'identification des points de blocage (pensées particulièrement effrayantes au quotidien, rappels du souvenir traumatique), les similitudes et les différences entre les émotions au moment des faits et de l'écriture du récit ou de la discussion), les croyances dysfonctionnelles sous-tendues par des modifications cognitives spécifiques aux agressions sexuelles.
Ensuite, les séances proposent des changements cognitifs (à travers des thèmes tels que la culpabilité, l'intimité, la confiance, la sécurité, etc.) en montrant la façon dont les pensées dysfonctionnelles provoquent le jugement négatif, à la fois sur soi et sur les autres.
Les dernières séances proposent de développer des stratégies pour diminuer les évitements et retrouver une vie affective et sociale plus autonome et satisfaisante.
Une diminution de l'intensité de la dépression
Il a été observé chez la plupart des patientes une diminution de l'intensité de la dépression et des pensées intrusives, des symptômes neurovégétatifs et du comportement d'évitement.
Selon les responsables de ce groupe thérapeutique, il faudrait encore développer un travail complémentaire sur le ressenti corporel, ainsi que le thème de la sexualité, et intégrer davantage de tâches comportementales en dehors de séances. Cette pratique pourrait permettre de multiplier les expériences et d'aider un plus grand nombre de femmes, le plus systématiquement et le plus précocement possible.
D'après la communication de K. Pariente et A. Seguin-Sabouraud (centre de psychothérapie des victimes à Paris), dans le cadre des 28es Journées scientifiques de thérapie comportementale et cognitive.
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature