O N se rappelle que la découverte d'une mutation dite delta 32 (délétion de 32 paires de bases), au niveau du récepteur CCR5 aux chimiokines a fait grand bruit, car pouvant conférer une protection vis-à-vis du VIH (à l'état homozygote) ou ralentir l'infection (à l'état hétérozygote).
Il était intéressant de voir si cette mutation pouvait modifier la réponse humorale à d'autres virus, notamment le virus varicelle-zona (VZV). En effet, bien qu'ayant été exposés à ce virus, que ce soit naturellement ou par le biais de la vaccination, certains sujets sont séronégatifs pour ce virus (réponse humorale) bien qu'ayant une réponse à médiation cellulaire.
Une équipe américaine, composée de chercheurs de San Francisco (Californie) et de Denver (Colorado) a conduit une étude chez 157 donneurs de sang. Les chercheurs ont déterminé concentrations d'IgG sur le sang total et étudié une éventuelle relation entre la mutation delta 32 du CCR5 et la présence, sur sang total, d'IgG contre le VZV, le virus d'Epstein-Barr, le cytomégalovirus et les virus Herpes simplex de types 1 et 2.
Parmi les 157 sujets, 96 % étaient des Blancs d'origine non hispanique (NB : la fréquence de la mutation de CCR varie selon l'origine ethnique), 53 % étaient des hommes et la moyenne d'âge était de 53 ans.
Parmi ces sujets, 15 (10 %) étaient séronégatifs pour le VZV et 29 (18 %) étaient porteurs d'une mutation delta 32 de CCR5. Parmi les 29 porteurs de la mutation, 2 étaient homozygotes et 27 étaient hétérozygotes ; seuls 6 n'étaient pas blancs et étaient séropositifs pour le VZV.
Mutation de CCR5 et séronégativité pour le VZV
Parmi les 15 sujets séronégatifs pour le VZV, 9 (60 %) avaient la mutation delta 32 ; en revanche, parmi les 142 séropositifs pour le VZV, 20 (14 %) portaient la mutation. Autrement dit, 31 % des porteurs de la mutation delta 32 étaient séronégatifs pour le VZV, contre seulement 4,7 % des non-porteurs de la mutation.
« Les porteurs de la mutation delta 32 de CCR5 étaient plus à même d'être séronégatifs pour le virus varicelle-zona que ceux qui n'avaient pas la mutation » (odds ratio : 9,1). Si l'analyse était limitée aux individus blancs, le résultat était quasiment identique (odds ratio : 9,2).
En revanche, le génotype de CCR5 n'avait aucune incidence sur les IgG pour l'EBV, le CMV et les HSV 1 et 2.
Certes, font remarquer les auteurs, le nombre élevé de sujets séronégatifs pour le VZV parmi les porteurs de la mutation delta 32 (par rapport aux non-porteurs) pourrait être associé à une faible exposition au VZV. Toutefois, indiquent-ils, cela semble peu probable : aux Etats-Unis, 90 % des adultes et 98 % des soignants ont des IgG circulantes contre ce virus.
« Nos investigation suggèrent que la mutation delta 32 de CCR5 pourrait moduler la réponse immunitaire au VZV et pourrait expliquer la séronégativité chez les sujets immunisés vis-à-vis de ce virus. »
Peut-être des conséquences pour les personnes à vacciner
Ces résultats pourraient avoir des conséquences pratiques : « Etant donné que la sérologie reste la méthode la plus importante pour identifier les soignants et les autres individus à risque d'infection par le VZV, qui pourraient mériter une vaccination, d'autres recherches sont nécessaires pour étudier le polymorphisme du gène et la réponse immunitaire au virus. »
Les auteurs rappellent un autre domaine évoqué à propos du CCR5 : bien que la plupart des recherches sur le CCR5 muté dans l'immunité virale se soient focalisées sur le corécepteur du VIH1, quelques chercheurs ont envisagé qu'il pouvait conférer une résistance au virus de la variole.
John Wiencke e coll. « Lancet » du 3 février 2001, pp. 360-361.
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