UNE ETAPE importante a été franchie avec l'introduction en médecine du concept de MCI (Mild Cognitive Impairment). Ce syndrome, défini par évaluation neuro-psychologique, décrit l'état d'altération discrète de la cognition qui est situé entre le vieillissement physiologique et l'évolution vers la démence. Il permet d'isoler les patients à risque parmi bon nombre de malades consultant dans des cliniques de la mémoire. Pour certains d'entre eux (environ 15 % par an) le MCI est un mode d'entrée dans la démence, mais tous ne connaîtront pas cette conversion. La première application du MCI est donc de pouvoir enfin regrouper ces patients qui n'ont pas franchi le seuil de l'aliénation au sein d'une même entité clinique. En second lieu, ces sujets étant clairement identifiés, il devient possible de leur appliquer un suivi, afin de déceler les premiers stades de dégradation et de mettre en place un traitement d'autant plus efficace et utile qu'il est précoce.
Mais la définition de MCI est hétérogène, ne donne ni critères spécifiques de diagnostic, ni indication sur la cause des troubles. Elle s'applique donc à une grande diversité de malades, à qui il n'est pas possible de proposer des approches thérapeutiques communes. Partant du principe que les différentes pathologies sous-jacentes sont repérables avant d'être symptomatiques, le Pr Bruno Dubois directeur de l'unité Inserm 610, « Neuro-anatomie fonctionnelle du comportement et de ses troubles » propose d'affiner le syndrome MCI. En isolant ses causes spécifiques, il pourrait être divisé en trois sous-catégories, dont une correspond à la maladie d'Alzheimer.
Croiser plusieurs critères.
Aujourd'hui, il est en effet possible d'identifier cette maladie en croisant plusieurs critères : la neuropsychologie, des tests de mémoire, la neuroimagerie et les marqueurs biologiques. Les troubles mnésiques spécifiquement associés à la maladie, par exemple, sont détectables à un stade très précoce.
La neuro-imagerie permet d'identifier très tôt l'atteinte des structures temporales internes caractéristiques.
Enfin la combinaison de marqueurs biologiques (concentration de peptide amyloïde 1-42 et de protéine tau du LCR), même s'ils ne sont pas fiables à 100 %, facilitent l'identification de la maladie, même au stade pré-démentiel.
Il est donc envisageable, en répertoriant ces éléments chez les patient porteurs de MCI, de différencier la maladie d'Alzheimer des autres pathologies du vieillard. Leur prise en charge en serait considérablement améliorée. De plus il serait alors possible de rassurer tout ceux qui ne sont pas atteints, et qui consultent pour des troubles de la mémoire d'autres origines.
Alzheimer Disease : the era of prevention. European Ipsen Symposium. Bruxelles.
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