L ES résultats de l'étude DAIS, instaurée par les Laboratoires Fournier, en collaboration avec l'OMS et dirigée de façon indépendante par le Pr Steiner de Toronto, viennent d'être publiés dans le « Lancet «. Cette étude multicentrique (11 centres en France, Canada, Finlande, Suède) est la première qui se soit intéressée de façon spécifique à l'effet d'un traitement hypolipémiant sur la progression des lésions d'athérosclérose.
Après avoir suivi une intervention diététique, 418 sujets diabétiques de type 2 (305 hommes, 113 femmes), dont le contrôle glycémique avait été maintenu tout au long des trois ans de l'étude, ont été enrôlés, randomisés en deux groupes : 207 patients recevant du fénofibrate micronisé à raison de 200 mg/jour, 211 recevant un placebo. Ces patients présentaient un profil lipidique très caractéristique des diabétiques de type 2, c'est-à-dire un HDL cholestérol légèrement inférieur à la normale, des triglycérides élevés, un LDL cholestérol normal ou moyennement élevé. La progression de l'athérosclérose était mesurée par angiographie coronarienne numérique et analysée tout au long de l'étude par le même centre d'angiographie à Toronto.
La correction des anomalies lipidiques
Les résultats de l'étude montrent que la correction des anomalies lipidiques sous fénofibrate s'accompagne d'un bénéfice sur l'évolution des lésions d'athérosclérose coronaire par rapport au groupe placebo. Le traitement entraîne une diminution de la progression de 42 % de la sténose, de 40 % du diamètre minimal de la lumière artérielle et de 25 % du diamètre segmentaire.
Bien que cette étude n'ait pas l'ampleur nécessaire pour permettre une évaluation des événements cliniques, le nombre de patients étant insuffisant et la durée trop courte, le traitement par le fénofibrate a entraîné une réduction de 23 % de ceux-ci, ce qui, bien que statistiquement non significatif, démontre le bénéfice d'un tel traitement.
« Les effets bénéfiques ont été observés tant chez les hommes que chez les femmes inclus dans l'étude, indépendamment d'une revascularisation coronarienne préalable (pontage, dilatation coronarienne) pour des niveaux lipidiques généralement considérés comme normaux », a précisé le Pr Steiner. Le traitement par fénofibrate a permis une réduction des triglycérides de 29 %, du cholestérol total de 10 %, du LDL cholestérol de 6 % et une augmentation du HDL cholestérol de 7 %.
Pendant toute l'étude, la compliance au traitement a été excellente, estimée à 95 %, et en termes de tolérance, aucune différence notable n'a été signalée entre le groupe traité et le placebo.
La progression des lésions focales d'athérosclérose
Pour la première fois, l'étude DAIS apporte la preuve « qu'un traitement par du fénofibrate pour normaliser les anomalies lipidiques, même si elles paraissent minimes, réduit de manière significative la progression des lésions focales d'athérosclérose coronaire mesurée par angiographie chez les patients ayant un diabète de type 2 ».
Le Pr Steiner, directeur de DAIS, souligne que « ces résultats ont pour conséquences des implications cliniques importantes dans la prise en charge des quelque 100 millions de sujets atteints de diabète de type 2 dans le monde ». Il précise : « l'infarctus du myocarde résultant de lésions athéroscléreuses est la première cause de mortalité et de morbidité chez les patients diabétiques, et le risque d'événements coronaires est de 3 à 4 fois plus élevé chez les patients diabétiques de type 2 que chez les non-diabétiques. »
Cette étude confirme donc l'importance du dépistage des anomalies lipidiques chez les patients atteints de diabète type 2, rejoignant ainsi les dernières recommandations de l'ANAES (dépistage annuel systématique des anomalies lipidiques). Actuellement, on considère que les anomalies lipidiques des patients diabétiques sont peu dépistées, insuffisamment traitées, car modérées et que l'intérêt de leur prise en charge est sous-estimé.
Conférence de presse des Laboratoires Fournier. Intervenants : Pr George Steiner (université de Toronto, Canada) et Pr Anders Hamsten (Stockholm).
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature