On est plus vigilant dans les écoles (ou les paroisses) et, en découvrant davantage de pédophiles, on contribue à leur élimination. C'est vrai. Mais les signalements de pédophiles dans ce que la société considère comme les lieux sacrés de l'enfance ou de l'adolescence affectent les parents d'un grave syndrome : ils se sentent assiégés ; car, dès lors que les pédophiles sont très précisément ceux à qui ils confient leurs enfants, enseignants, prêtres et parfois soignants, la trahison les accable davantage.
En admettant même que la propagation de la pédophilie ne corresponde qu'à un phénomène statistique (ce qui n'est pas sûr), il n'est pas rassurant de découvrir aujourd'hui ce qui se passait autrefois dans le silence. A savoir que les coupables se servent de leur profession, quelquefois de leur sacerdoce, pour mieux asservir leurs victimes. Et que, s'il faut se méfier d'eux, c'est tout le tissu social que l'on devra réformer.
On pourrait dire que la méfiance représente à elle seule une forme d'infection qui gagne les professions concernées. On aura vite compté les pédophiles, mais ils suffisent, en dépit de leur nombre infime, à diriger les soupçons sur des millions d'adultes innocents.
Le silence des responsables n'est pas toujours de la négligence pure. Des fantasmes d'enfants ont été souvent constatés et, si on les avait pris au sérieux, ils n'auraient fait que discréditer un éducateur parfaitement honnête. Cette réserve face aux inventions d'une enfance qui n'est pas dépourvue de cruauté a malheureusement conduit au laxisme. On a attribué à l'imaginaire des témoignages répétitifs qui auraient dû alarmer un directeur d'école ou un évêque. A l'inverse, l'inquiétude des parents est le plus court chemin vers une panique aux effets dévastateurs, qui entraînerait une épouvantable chasse aux sorcières.
Les remèdes ne sont pas faciles à mettre au point. En partant du principe qu'il ne faut jamais négliger un témoignage d'enfant, on tentera de l'authentifier, par exemple par le recours à un psychologue, ce qui sera déjà une épreuve supplémentaire pour l'enfant s'il dit la vérité. On ne peut pas non plus ignorer systématiquement les témoignages parce qu'on a vu des cas qui ont stupéfié l'entourage, incapable de croire que l'éducateur désigné puisse se livrer aux pratiques dont il est coupable.
La solution est dans une rigueur absolue, dans le respect de la présomption d'innocence et dans le sérieux de l'enquête. Le risque inévitable est d'interroger une personne qui, en réalité, n'a pas de comptes à rendre. Un plus grand risque serait de la laisser poursuivre, sans qu'elle craigne une sanction, des activités répréhensibles.
Un adulte soupçonné à tort aura beaucoup de mal à surmonter l'épreuve, même s'il est complètement innocenté. Mais le mal infligé aux enfants par les pédophiles est indescriptible. C'est le massacre de l'innocence par la perversion. Aucune société qui se respecte ne peut tolérer de faire courir ce risque à ses enfants au nom de la préservation des droits de l'adulte. Les écoliers deviennent un jour des grandes personnes et notre premier devoir est de garantir leur croissance physique et mentale à l'abri des fléaux inventés par leurs propres maîtres.
R. L.
Le fléau de la pédophilie
Publié le 15/02/2001
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LISCIA Richard
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Source : lequotidiendumedecin.fr: 6858
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