L’innovation en libéral

Le frein de la contrainte financière

Publié le 19/10/2015
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« Traditionnellement, la recherche d’innovation est plutôt l’apanage des CHU, car c’est là que se font la recherche fondamentale et la validation des nouvelles technologies. Mais dès qu’elles sont validées, elles sont utilisées très vite dans les cliniques et les cabinets libéraux de radiologie. C’est en effet une des spécificités de l’imagerie médicale : elle se doit d’être perpétuellement à la pointe de l’innovation pour permettre d’affiner encore et toujours les diagnostics pour les patients », indique le Dr Jean-Philippe Masson, président de la Fédération nationale des médecins radiologues (FNMR).

La radiologie est aussi une spécialité avec des passerelles étroites entre l’hôpital et la ville. « Globalement, nous avons beaucoup de malades en commun avec nos collègues hospitaliers et il serait souhaitable qu’on puisse continuer à développer ensemble cette recherche dans le domaine de l’innovation », souligne le Dr Masson, tout en insistant sur un frein important à ses yeux : la baisse continue des tarifs des actes de radiologie au cours des dernières années. « En sept ans, les caisses nous ont imposé une baisse de 900 millions, ce qui n’est pas sans conséquence sur la capacité des radiologues libéraux à investir dans de nouveaux appareils. Avant cette baisse, on changeait nos appareils d’échographie tous les trois ans en moyenne. Désormais, c’est tous les quatre ou cinq ans. À chaque fois, on perd une génération », indique le Dr Masson. « Une étude a montré que, chaque année, l’imagerie médicale représente des investissements d’environ un milliard d’euros. Si on met de côté les produits de contraste (environ 180 millions d’euros), ce sont environ 800 millions qui sont investis dans des nouveaux matériels tous les ans. Si on met cette somme en parallèle avec les 900 millions de baisse de tarif, on se rend compte du malaise », insiste le président de la FNMR.

Pour le Dr Masson, la situation actuelle n’est pas non plus sans conséquence sur l’attractivité de la radiologie libérale française. « Il y a quelques semaines, j’ai été interviewé par un cabinet de conseil belge, qui réalisait une étude sur l’organisation de la radiologie dans différents pays européens pour le compte d’un industriel mondial de la radiologie. Je lui ai parlé des atouts de notre spécialité mais aussi des contraintes économiques et réglementaires. Une fois l’étude terminée, ce cabinet m’a rappelé pour me dire que cet industriel avait finalement choisi un autre pays pour déployer son nouveau matériel et qu’il avait été freiné par les lourdeurs administratives françaises ».

Antoine Dalat

Source : Bilan spécialiste