ALIMENT SANTE
L ES causes du spina bifida sont mal connues, mais l'épidémiologie montre que son origine est plurifactorielle, combinant des facteurs nutritionnels (carence en folates) et des facteurs héréditaires (altération du métabolisme des folates).
L'extrapolation à la France entière des données recueillies par les registres nationaux des malformations permet d'estimer le nombre annuel d'embryons porteurs de spina bifida à 500 environ ; la généralisation du diagnostic échographique prénatal réduit à 100 le nombre de naissances d'enfants atteints (avec 400 interruptions de grossesse).
L'incidence de la malformation est extrêmement variable selon les régions du globe, avec un gradient Nord-Sud assez marqué en Europe. A l'origine, elle était particulièrement élevée dans la lignée celte : de l'ordre de 30 à 60 pour 10 000 naissances dans les Iles britanniques (Irlande, pays de Galles), un peu moins en Bretagne et en Galice espagnole. Dans certains de ces pays, l'incidence du spina bifida a été corrigée par une intervention de santé publique. Ainsi l'Angleterre et l'Irlande ont-elles rejoint progressivement le taux européen moyen depuis 1970-1975, d'abord sous l'effet d'une amélioration de l'alimentation des femmes appartenant aux milieux socio-économiques les plus défavorisés, puis (à partir de 1982) grâce à des campagnes nationales d'incitation à la supplémentation alimentaire en acide folique. Ce programme de sensibilisation repose sur la mise en évidence d'une corrélation directe entre l'incidence du spina bifida et le déficit alimentaire en folates et sur la démonstration du pouvoir préventif d'une supplémentation périconceptionnelle.
La supplémentation est efficace à condition d'être instaurée suffisamment tôt pour permettre la reconstitution des stocks maternels avant la phase de fermeture du tube neural (entre le 21e et le 28ème jour de la vie embryonnaire). En théorie, un traitement vitaminique instauré 15 jours avant la date de fécondation devrait suffire, si les grossesses étaient programmées de façon extrêmement précise. En revanche, les supplémentations plus tardives, destinées à prévenir une éventuelle anémie au 3e trimestre, sont sans effet sur le risque de spina bifida.
Des recommandations pour les professionnels de santé
En France, au mois d'août dernier, le secrétariat d'Etat à la Santé et aux Handicapés a publié les conclusions d'un groupe d'experts réunis par la Direction générale de la santé, soulignant que la prévention s'appuie sur les professionnels de santé, auxquels il est demandé : d'insister auprès des femmes en âge de procréer sur la nécessité de consommer des aliments riches en folates (voir encadré) ; de réaliser, pour les femmes à risque élevé (mères ayant déjà donné naissance à un enfant victime de spina bifida, femmes soumises à un traitement à effet antifolique indésirable - épilepsie, psychose maniaco-dépressive -, femmes qui, pour des raisons socio-économiques ou culturelles, ne bénéficient pas d'apports alimentaires suffisants), une supplémentation en acide folique à la dose de 5 mg/jour dès qu'elles envisagent une grossesse ; de préconiser pour les femmes sans antécédent particulier, et qui désirent concevoir, une supplémentation systématique à la dose de 0,4 mg/jour.
Conférence de Presse organisée par la FDOC (Florida Department of Citrus), à laquelle participaient les Drs David Elia et J.-C. Dillon.
Comment éviter la carence en folates ?
Il existe trois moyens d'éviter la carence en folates. Soit en enrichissant les aliments en folates (formule choisie aux Etats-Unis, mais qui n'est pas autorisée en France), soit en prenant des suppléments d'acide folique sous forme de comprimés (ce qui n'est pas réalisable pour l'ensemble de la population), soit en consommant régulièrement des aliments riches en folates sous forme de légumes verts (pois et haricots), soit sous forme de fruits, la meilleure source étant constituée par les agrumes.
En effet, les agrumes présentent l'avantage de pouvoir être consommés à tout âge et de ne pas être l'objet d'un traitement thermique, ce qui est la meilleure façon de respecter leur teneur naturelle en folates. En outre, il a été montré que l'absorption digestive des folates naturels du jus d'orange est identique à celle des folates contenus dans les comprimés.
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