L ES attributions de Bernard Kouchner viennent d'être fixées par un décret paru au « Journal officiel ».
Comme prévu, son champ d'intervention naturel sera la politique de santé publique, pour laquelle Lionel Jospin exigeait un « poids lourd » afin de gérer, y compris sur le terrain médiatique, les polémiques relatives aux crises alimentaires et aux affaires de sécurité sanitaire qui ont fragilisé le gouvernement ces derniers mois. Une situation qui a accéléré la nomination du french doctor, dont la crédibilité est au plus haut (voir notre sondage). Selon le texte du décret de compétence, Bernard Kouchner « met en uvre et coordonne, en liaison avec les ministres intéressés, la politique du gouvernement pour la santé, notamment en ce qui concerne les actions de prévention, d'éducation et d'information ». On peut être certain qu'il fera entendre sa voix dans la crise de la vache folle, à côté de celle de Jean Glavany, omniprésent sur ce dossier. Pour assumer ses responsabilités en matière de santé publique, Bernard Kouchner dispose de la direction générale de la Santé (DGS) et de la mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie.
Mais le ministre délégué à la Santé est également attendu avec impatience dans le contexte de concertation - mal engagée - avec les professions de santé. Or, sur ce point, ces attributions définitives sont peu explicites. « Il connaît de toutes les affaires que lui confie la ministre de l'Emploi et de la Solidarité et, notamment, des questions relatives à l'assurance-maladie », stipule le décret de compétence. Autrement dit, Bernard Kouchner pourra participer à la gestion du système de soins mais devra composer avec Elisabeth Guigou. C'est à l'usage que l'on appréciera son autonomie et sa capacité à obtenir des budgets, notamment dans les négociations avec les libéraux. A l'issue du « Grenelle de la santé », Elisabeth Guigou n'avait-elle pas souligné qu'elle suivrait « personnellement » les travaux de la mission de concertation ? Bernard Kouchner a toutefois à sa disposition la direction de l'Hospitalisation et de l'Organisation des soins (DHOS), chargée de rationaliser l'offre de soins hospitalière, libérale et médico-sociale. « En tant que de besoin », il disposera aussi de la direction de la Sécurité sociale (DSS, sous l'autorité d'Elisabeth Guigou).
Bernard Kouchner a déjà nommé quelques-uns de ses principaux collaborateurs. Son directeur de cabinet sera Didier Tabuteau, un habitué du poste qu'il a déjà occupé auprès du french doctor lorsque ce dernier était ministre de la Santé et de l'Action humanitaire de 1992 à 1993. Didier Tabuteau a également été directeur adjoint des cabinets de Claude Evin, puis de Martine Aubry. Le Dr Eric Chevallier occupera quant à lui le poste de conseiller principal de Bernard Kouchner, fonction qu'il a déjà assumée lorsque M. Kouchner était secrétaire d'Etat à la Santé, avant de le suivre au Kosovo.
A peine la nomination de Bernard Kouchner a-t-elle été connue que les réactions ont fleuri, à droite comme à gauche, pour regretter le manque de poids de ce ministère. Jean-François Mattei, président du groupe Démocratie libérale (DL) à l'Assemblée nationale, partisan d'un « grand ministère autonome de la santé et de la santé publique », s'est interrogé sur « la liberté d'action et d'entreprise dont disposera » l'ancien haut représentant des Nations unies au Kosovo. Les Verts ont déploré que « le changement gouvernemental se contente de créer un ministère délégué ».
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