L’Ansm vient de recommander de réserver la prescription du patch contraceptif Evra en seconde intention et de prescrire les pilules de 1e ou de 2e génération contenant du lévonorgestrel en première intention dès lors qu’une contraception hormonale combinée a été choisie. Cette décision fait suite aux conclusions de l’Agence européenne du médicament (EMA) qui vient de classer le patch au même niveau que les pilules de 3e et de 4e génération vis à vis du risque thromboembolique.
Au mois d’octobre 2012, l’EMA avait effectué une revue de la littérature sur le risque d’événements thrombo-emboliques veineux des contraceptifs hormonaux non oraux, comme le patch, et analysé une publication danoise récente parue dans le Bmj. Cette étude danoise précisait que le risque thrombotique veineux pour les utilisatrices du patch était 2,3 fois supérieur à celui des contraceptifs oraux combinés au lévonorgestrel, à savoir les C2G.
Du point de vue métabolique, cette conclusion était prévisible puisque le patch incriminé est un contraceptif combiné qui contient de l’éthinyl estradiol et de la norelgestromine. Laquelle molécule est le métabolite principal du norgestimate qui est en fait le progestatif des pilules classées 3ème génération. Sous peu, c’est aussi l’anneau vaginal qui risque de suivre le même chemin que le patch. L’étude danoise du Bmj attribuait un risque thrombo-embolique veineux multiplié par 1,9 par rapport aux COC au levonorgestrel.
Les critiques de l’Académie
C’était aussi, cette semaine, au tour de l’Académie de médecine de se prononcer sur la contraception orale et le risque vasculaire. Dans un rapport très complet, pratique et rédigé dans un style direct, les Académiciens préconisent « une politique de prévention agressive et non une réduction du choix des méthodes contraceptives ». Il faut croire que l’Ansm a anticipé cette recommandation, puisque lundi dernier elle mettait en place un dispositif de limitation de prescription des C3G et des C4G en imposant aux prescripteurs d’indiquer à la main sur les ordonnances des dites pilules la mention d’information des patientes et de respect des contre-indications.
Sans détours, les Académiciens précisent aussi que l’interdiction ne paraît pas raisonnable, compte tenu de la tolérance clinique parfois supérieure des C3G par rapport aux C2G volontiers androgéniques. Et sans langue bois, ils contestent la décision de déremboursement des C3G et des C4G. « Soit les oestroprogestatifs répondent aux critères d’efficacité et ne présentent pas un risque sanitaire, (…) soit ils ne remplissent pas ces critères et ils ne doivent alors pas être autorisés. »
Et aux atermoiements du directeur de l’Ansm qui a envisagé un temps de soustraire les médecins généralistes au droit de prescrire ces pilules à risque, l’Académie répond que « la réduction du recours à l’IVG passe obligatoirement par la prescription de la contraception par le médecin généraliste. Comme les gynécologues il doit être formé, et respecter les règles de prescription ». Se poser la question de savoir si les médecins généralistes peuvent prescrire la pilule est selon eux d’une grande « naïveté ».
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