Depuis quelques semaines, les responsables de la santé de tous les pays, déjà affaiblis par la pauvreté pour les uns et les crises économiques et sociales pour les autres ne sont pas épargnés par le virus Ebola. De tels enjeux de santé publique exigent de leur part des qualités politiques exceptionnelles. Il convient que, chez nous, la ministre en charge de la Santé et ses services agissent avec rapidité, bienveillance mais aussi avec efficacité et mesure. Mais « le risque est rationnel et la menace imprévisible », comme nous le rappelle le chercheur Patrick Zylberman*, auteur d’une analyse lucide sur « la politisation des virus ». Selon lui, les grandes campagnes de santé publique actuelles appelées preparedness * sont très difficiles à mener et à réussir pour des raisons complexes d’organisation, de communication et de légitimité des administrations publiques. Notre gouvernement qui veut lutter contre « la défiance, la complexité et le corporatisme » de la société nationale ne doit pas renouveler les erreurs du passé en matière de lutte contre les épidémies virales. Ni penser que la lutte contre l’ennemi extérieur est une réponse à la crise intérieure. Marisol Touraine, présente sur les deux fronts médicaux et socio-économiques, s’est nommée cheffe de guerre contre le virus. Mais déjà les critiques pointent à nos portes, en Afrique même mais aussi en Espagne et aux États-Unis où le président américain Obama s’engage en patron militaire. En fait-on trop ici, pas assez là ? Les risques ont-ils bien été évalués ? S’appuie-t-on suffisamment sur les réseaux de médecine de proximité ? Les guerres sanitaires nous rappellent que les systèmes de santé sont des éléments patrimoniaux à préserver coûte que coûte et que, dans les grandes batailles, les généraux ont besoin de toutes leurs troupes. Ce combat contre la maladie est concomitant avec la bataille économique. Des milliards sont à chercher dans le système de protection sociale français et celui de la santé. Le PLFSS 2015 n’apporte que quelques réponses structurelles. Sans mesures complémentaires fortes, le solde de l’ensemble des régimes obligatoires restera à un niveau toujours très élevé. La nouvelle lutte contre les corporatismes professionnels et l’économie réglementée est ouverte et n’épargnera pas le secteur de la santé. Les bénéfices attendus doivent être prouvés. Plus de liberté et de souplesse et peut-être moins de privilèges, mais aussi moins d’égalité d’accès aux soins, d’investissements et de sécurité sanitaire sont à la clé. Il convient là aussi d’évaluer les risques.
Le pire n’est jamais décevant
Publié le 30/10/2014
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* Engagement total des pouvoirs publics, de scientifiques, d’acteurs économiques dans de nouveaux modèles de santé publique. Patrick Zylbernan est auteur en 2013 du livre La santé publique, un enjeu stratégique.
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Source : Décision Santé: 298
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