CONGRES HEBDO
I L y a peu de temps encore, l'athérosclérose et ses complications étaient considérées comme des conséquences naturelles et inévitables du vieillissement. Pourtant, vers la fin des années soixante-dix, les progrès réalisés ont conduit à isoler toute une gamme de composés inhibant l'enzyme limitante de la voie de biosynthèse du cholestérol, l'HMG-CoA réductase. Connue désormais sous le nom de statines, cette classe de médicaments a permis, pour la première fois, d'abaisser de manière spectaculaire les concentrations plasmatiques en cholestérol.
Malgré leur efficacité, ces puissants médicaments ont mis longtemps avant d'être acceptés. Le débat a finalement trouvé sa conclusion avec deux grands essais cliniques prospectifs randomisés. Le premier, l'étude 4 S (Scandinavian Simvastatin Survival Study), a montré que les statines réduisent le risque d'infarctus du myocarde, de décès d'origine coronarienne et de décès toutes causes chez les sujets coronariens confirmés (prévention secondaire). Le second, l'étude WOSCOPS (West of Scotland Coronary Prevention Study), a montré que les effets bénéfiques des statines en matière de réduction du risque d'infarctus du myocarde et de décès d'origine coronarienne s'exerçaient également chez les sujets exempts de tout antécédent coronarien (prévention primaire). Depuis, ces résultats ont été confirmés par d'autres essais à grande échelle et mettent également en évidence leur validité chez les femmes, les diabétiques, les personnes de plus de 60 ans et d'autres sous-groupes de la population générale.
Il apparaît désormais de plus en plus clairement que les statines exercent d'autres effets qu'une simple diminution du LDL cholestérol : elles entraînent une baisse modérée des triglycérides, une élévation du HDL cholestérol et ont toute une gamme d'effets pléiotropes sur divers aspects de l'athérosclérose, et notamment sur l'inflammation vasculaire, la fonction endothéliale, le pouvoir thrombogène de la plaque et la prolifération cellulaire.
Par ailleurs, il est probable que les statines n'agissent pas seulement sur le cur. Des études chez l'animal, par exemple, démontrent qu'elles agissent sur le métabolisme de l'os et préviennent l'ostéoporose. Des résultats récents paraissent indiquer qu'il en serait de même chez l'être humain. De nombreuses données montrent aussi que les statines pourraient réduire l'incidence des AVC ischémiques.
A l'aube du XXIe siècle, il importe de faire le point sur l'état des connaissances sur les statines et de réfléchir aux moyens les plus adéquats pour assurer aux patients le meilleur traitement possible. Aujourd'hui, il est clair que les risques de cardiopathie et d'accident vasculaire cérébral ne dépendent pas de facteurs de risque isolés mais plutôt de l'association de tous les facteurs de risque (« profil de risque global »). Ainsi, ce patient qui ne présente pas encore de symptôme mais a plusieurs facteurs de risque peut avoir autant de probabilités de faire un infarctus du myocarde qu'un patient souffrant d'une athérosclérose coronaire symptomatique.
D'après un symposium Fournier auquel participaient : les Prs E. Braunwald (Boston), M. Schachter (Londres), Jean-Charles Fruchart (Lille) et Michel Farnier (Dijon).
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