Comment vos patients envisagent-ils la notion de bénéfice-risque ? Ils semblent avoir du mal...
• Ainsi, Jean-Christophe Jouval, généraliste, nous raconte : « J’ai prescrit il y a deux jours Diane 35 à ma fille de 21 ans en renouvellement pour lutter contre son acné. J’accepte et elle accepte un risque supplémentaire infime. C’est un choix. Elle a plus de chance ou de malchance de mourir en voiture sur les routes. Il est difficile d’expliquer à nos patients la notion de risque statistique. Ils ne désirent qu’une chose : le risque 0. »
• Généraliste également, Bernard Morre nous expose une situation un peu particulière : « Dans mes jeunes patientes, il en est une qui est devenue médecin, dans un domaine assez éloigné de la dermatologie. Je lui ai fait part de la prochaine suspension de Diane 35 et de ses génériques, en raison de la mise en avant de 4 décès imputés au produit. Elle avait continué ma prescription anti-acnéique sous forme de générique. C'était le traitement qui lui convenait le mieux pour sa peau et comme contraceptif. Ne présentant pas de contre-indication thromboembolique, elle m'a répondu du tac au tac que, de toute façon, elle continuerait à se prescrire le médicament et qu'exerçant dans une zone frontalière, elle se la procurerait à l'étranger ! »
• De fait, vous aussi composez tant bien que mal avec la notion de risque. Exprimant au passage une bonne dose de ressentiment vis-à-vis des pouvoirs publics (et de la presse).
• La suspension de Diane 35 inspire ce commentaire à Jean-Philippe Bassoleil, généraliste : « Quelle décision irrationnelle pour 4 décès (certes 4 de trop, dont on ne connaît pas les raisons exactes) alors que des millions de femmes ont été traitées avec succès pendant 25 ans sans effets secondaires... Le tabac fait à lui seul 200 morts par jour sans que les pouvoirs publics ni les « décideurs » de notre pays s'en émeuvent et ne prennent de décision... »
• « C'est terrible d'aller à la pêche aux accidents quand on a déjà pris des décisions, publier une vérité et puis... rien, que des probabilités dignes de faire interdire l'aspirine, les antibiotiques et tout traitement cardio-vasculaire », s'indigne pour sa part Patrick Chalaux, gérontopsy.
• Et puis il y a ceux qui, à l'instar de Pascal Jacob, généraliste, se retrouvent directement confronté non pas aux statistiques mais aux cas particuliers : « Je vois en dépannage une enfant amenée par sa maman, 35 ans, munie d'une canne. Question : que vous arrive-t-il ? Hémiplégie, j'étais sous Diane ! Cela fait froid dans le dos. »
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