A FIN de disposer d'un registre des leishmanioses, le Centre national de référence des Leishmania (CNRL, Montpellier) a fait parvenir aux services cliniques et aux laboratoires de parasitologie un formulaire de déclaration des infections.
Le questionnaire incluait des données épidémiologiques sur l'origine de la contamination et sur les antécédents des patients, une brève description clinique et biologique, ainsi que les éléments du diagnostic.
Les cas ont tous été confirmés par un diagnostic parasitaire ou immunologique, et les isolats sur milieu de culture ont été transmis à la Banque internationale des Leishmania du CNRL où ils sont cryoconservés. Actuellement, cette banque de données contient 4 000 isolats.
Ainsi, en 1999, 109 cas de leishmanioses ont été déclarés au CNRL. Il s'agissait de 25 cas de leishmaniose viscérale (LV), de 81 cas d'atteinte cutanée (LC) et de 3 cas de leishmaniose muqueuse (LM).
22 leishmanioses viscérales autochtones
En ce qui concerne les formes viscérales, sur les 25 cas déclarés, 22 étaient autochtones (12 femmes et 10 hommes) et 3 importés. La moyenne d'âge des cas autochtones était de 30,8 ans et l'origine géographique des cas a pu être déterminée précisément : Alpes-Maritimes (n = 8), Bouches-du-Rhône (n = 4), Corse (n = 2), Gard (n = 2), Hérault (n = 3), Pyrénées-Orientales (n = 1) et Var (n = 2). Sept des 22 malades (31,8 %) présentaient une immunodépression acquise (infection VIH pour 6 d'entre eux et un cas d'origine iatrogène, lié à une transplantation d'organe).
Au cours de l'année 1999, 3 cas de LV importés ont aussi été déclarés. L'ensemble de ces patients provenait d'autres pays du bassin méditerranéen (Algérie, Turquie, sud de l'Europe).
L'affection s'est déclarée chez des patients adultes : 2 hommes qui présentaient une immunodépression par infection à VIH et une femme en cours de grossesse.
Les parasitologues montpelliérains rappellent que, « les départements d'origine des cas de LV autochtones rapportés en 1999 correspondent aux foyers connus du sud de la France depuis les années vingt. Mais la comparaison directe avec les années précédentes est impossible, faute de registre systématique antérieur ».
Une grande majorité de militaires
Quatre-vingt-un cas de leishmaniose cutanée ont été déclarés au CNRL, dont un contracté en France métropolitaine, dans le département du Var. Soixante-trois autres infections ont été acquises en Guyane française et elles ont été diagnostiquées au retour en France métropolitaine. Dans la grande majorité (61), il s'agissait de militaires ayant séjourné dans ce pays pour des missions en forêt. L'identification par électrophorèse a permis d'attribuer 38 des 41 souches identifiées à L. guyanensis.
Dix-sept autres cas de LC, qui ont été contractés dans divers pays et diagnostiqués en France, ont été signalés au CNRL. Ils concernaient 11 hommes et 6 femmes, la contamination s'étant produite en Afrique du Nord pour 9 d'entre eux, au Proche-Orient pour 4 cas, en Afrique subsaharienne et en Amérique du Sud pour les deux derniers.
Les auteurs insistent sur l'abondance des LC en Guyane française puisque, outre les cas déclarés en métropole, 131 ont été diagnostiqués au centre hospitalier de Cayenne. Au total, près de 200 leishmanioses cutanées ont été diagnostiquées dans ce territoire d'outre-mer en 1999. Ce chiffre est comparable à celui rapporté dans ce même département au cours de l'année 1992-1993 où 204 cas avaient été diagnostiqués. Enfin, les auteurs soulignent que l'éventail des espèces s'est élargi depuis la fin des années quatre-vingt, où seulement deux espèces avaient été mises en évidence, alors qu'en 1999, cinq espèces ont été identifiées
Leishmaniose muqueuse
Trois cas, enfin, de leishmaniose muqueuse ont été déclarés en 1999. La contamination a eu lieu dans les Bouches-du-Rhône pour un cas, en Espagne pour le deuxième cas et le troisième concernait un patient ayant séjourné à Marseille, à Perpignan, ayant voyagé en Espagne et dont la sérologie leishmanienne était positive depuis 1990. Une lésion buccale est apparue chez ce dernier patient au décours d'une transplantation rénale.
Ce dénombrement des leishmanioses permet d'évaluer l'incidence des différentes formes de la maladie et de mettre en place une surveillance dans notre pays, où ces affections ne sont pas soumises à déclaration obligatoire, contrairement à plusieurs États de la Communauté européenne (Espagne, Italie, Grèce).
« Bulletin épidémiologique hebdomadaire », n° 5/2000, pp.19-21.
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