L A réforme des études médicales avance lentement. Certes, le projet de loi de modernisation sociale (voté le 11 janvier par l'Assemblée nationale en première lecture et examiné en mars au Sénat) prévoit déjà de remplacer, à partir de 2004, le concours de l'internat par un examen national classant que devront passer tous les étudiants, futurs spécialistes ou généralistes, la médecine générale étant désormais reconnue comme une spécialité à part entière. Cependant, il reste encore à définir les modalités précises de cet examen et le contenu du programme.
Les ministères de la Santé et de l'Education nationale ont engagé, à cet effet, début février une concertation avec les représentants de l'ANEMF (étudiants en médecine), du SNJMG (jeunes médecins généralistes), de l'ISNAR (étudiants du troisième cycle de médecine générale) et enfin de l'ISNIH (internes de spécialités), seul syndicat hostile à la suppression du concours de l'internat et à la réforme du deuxième cycle (voir ci-dessous).
Au stade actuel de la concertation, on se dirige, semble-t-il, vers un examen national organisé de façon décentralisée, mais n'offrant plus de « seconde chance », au regret des représentants des étudiants, dans la mesure où il n'y aurait plus deux sessions distinctes, au nord et au sud. Cet examen serait basé non pas sur un questionnaire à choix multiple (QCM) mais sur des questions rédactionnelles testant les capacités de réflexion et d'analyse des candidats.
Enfin, il est proposé d'instaurer un « bonus » aux étudiants n'ayant pas redoublé durant leur deuxième cycle, un dispositif contesté notamment par l'ANEMF et le SNJMG. Ces deux organisations regrettent en outre que le Centre national du concours de l'internat (CNCI) envisage d'organiser l'examen en septembre, et non en juin. L'ANEMF estime que, pour les étudiants, cela « va à l'encontre de l'esprit de la réforme en allongeant la durée des études, en favorisant le "bachotage" pendant l'été et en retardant la prise de fonction des internes », d'où « de nombreux problèmes pratiques ».
Les représentants étudiants aimeraient que les modalités pratiques de l'examen national classant d'entrée en troisième cycle soient fixées dès la rentrée 2001. En effet, il s'agit de donner les nouvelles règles du jeu aux carabins qui entreront à l'automne en deuxième année de deuxième cycle et passeront donc en 2004 la première session de l'examen « nouvelle formule ».
La réforme des études concerne aussi le troisième cycle de médecine générale ou résidanat. Le décret allongeant de deux ans et demi à trois ans la durée de ce cycle est paru le 26 janvier, mais la nouvelle organisation du troisième cycle en médecine générale reste « dans le flou le plus complet » selon plusieurs sources, alors que, prévue au départ pour la rentrée 2000, elle a déjà été reportée d'un an. A ce sujet, l'ISNAR réclame notamment un tuteur pour chaque étudiant pendant la durée du cycle.
Quant à la réforme du premier cycle des études médicales, elle est repartie de zéro après l'abandon du projet de DEUG formulé par l'ancien ministre de l'Education nationale, Claude Allègre. Elle fait actuellement l'objet d'une réflexion commune entre la Conférence des doyens et l'ANEMF. Pour le Pr Philippe Thibault, secrétaire général de la Conférence des doyens, l'enjeu de la réforme du premier cycle est notamment d' « offrir un maximum de débouchés » à la fin de la première année, grâce à des « unités de valeur utiles à tous ». Les deux structures devraient présenter des propositions communes aux ministères de la Santé et de l'Education, d'ici à décembre 2001 ou janvier 2002.
L'ISNIH s'oppose à la réforme du concours de l'internat
M ALGRE l'adoption par les députés en première lecture du projet de loi de modernisation sociale, l'Intersyndicat national des internes des hôpitaux (ISNIH, représentant les internes de spécialité) espère encore obtenir la modification de ce texte qui supprime le concours de l'internat à partir de 2004.
Faute d'obtenir satisfaction, il envisage de recourir à la grève. Dans une lettre adressée aux sénateurs - qui doivent examiner le projet de loi en mars -, l'ISNIH affirme que le texte contient diverses mesures « graves, extrêmement délétères pour la formation et la compétence des médecins ». L'ISNIH ne rejette pas complètement l'idée de remplacer le concours de l'internat, réservé à l'heure actuelle aux seuls futurs spécialistes, par un examen national classant que devraient passer tous les étudiants pour être admis en troisième cycle, qu'ils se destinent à la médecine générale ou à la médecine spécialisée. Mais le syndicat formule un certain nombre d'exigences.
Tout d'abord, l'ISNIH souhaite que l'entrée du troisième cycle des études serve d' « instrument unique de régulation des flux démographiques lors de la formation par filières et par régions ». Cette incontournable voie de passage s'imposerait donc à tous les externes ayant validé leur deuxième cycle (en France ou dans un pays de l'Union européenne) et aux médecins à diplôme étranger (extra-européen). Il s'agit, pour l'ISNIH, d'en finir avec « les multiples voies d'accès parallèles », qui vont par exemple du concours des praticiens adjoints contractuels (PAC) étrangers, exerçant à l'hôpital, à la régularisation par décret de généralistes employés comme médecins du travail. Les internes réclament aussi « un même internat pour tous », avec un diplôme, un statut et une rémunération identiques.
Enfin, selon l'ISNIH, un moyen de revaloriser la médecine générale consiste à instaurer une validation nationale du deuxième cycle. Actuellement, le certificat de synthèse clinique et thérapeutique a « une validation très aléatoire selon les facultés, voire laxiste ».
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