A Paris, Grenoble, Brunoy et Cannes

Les agents de la modernité

Publié le 22/03/2001
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ARTS

PAR JEAN-JACQUES LEVEQUE

T ENUE en veilleuse jusqu'à la dernière guerre, l'abstraction va s'organiser en camps opposés juste après la Libération, entre tenants du lyrisme (Wols, Mathieu, Hartung) et ceux qui militent pour un art de rigueur où règne la géométrie (galerie Denise René, Paris). Cette tendance a ses organes de presse, dont la revue « Art d'aujourd'hui », qu' Edgar Pillet fonde avec André Bloc dès 1949, de même qu'il anime avec Dewasne, Domela, Vasarely, Deyrolle, Herbin, l'Atelier d'art abstrait (1950).

Ce sont là des structures qui ne figent pas la démarche personnelle de l'artiste que l'on voit échapper aux limites de la géométrie pour donner cours à l'expression fervente du geste et trouver des solutions nouvelles pour l'intégration de la peinture dans l'architecture. Il en naîtra les « creusets » forme originale qui situe la peinture aux frontières de la mise en volume, et frôlant la sculpture par le biais du relief.
Outre sa démarche de plasticien, Pillet écrit, publie, théorise, enseigne, révélant une personnalité enthousiaste, inventive et chaleureuse. Plusieurs manifestations nous donnent l'occasion de le redécouvrir. Au musée de Grenoble (jusqu'au 20 mai) mais également à Paris (galerie Claude Lemand, 16, rue Littré, jusqu'au 24 mars, et galerie Etats d'Art, 36, rue Guénégaud, à partir du 19 avril).

La maîtrise du chaos

Il n'est pas besoin d'aller bien loin, aux frontières de l'aimable forêt de Sénart, à Brunoy (musée municipal Robert Dubois-Corneau, 16, rue du Réveillon, jusqu'au 15 juillet) pour rencontrer l'œuvre du sculpteur Marino di Teana, lui aussi intégré à l'aventure de l'abstraction dans les années 1950-1970, réalisant une œuvre de sculpteur s'attachant aux problèmes posés par l'urbanisme moderne. Né en 1920, il est un héritier du Constructivisme mais ses sources sont aussi dans l'art roman de Saint-Jacques de Compostelle, ce qui, d'emblée, donne la mesure du projet de construire une œuvre traduisant dans une forme géométrique la maîtrise du chaos universel en perpétuelle métamorphose.
On est là au cœur d'une démarche exigeante, éloignée de toute concession aux modes. Rien de ce qui bouleverse le monde des arts ne l'atteint tant sa propre pensée est durablement fixée sur ses buts, et les moyens mis en œuvre pour y parvenir. C'est cette exigence qui est l'attrait d'une démarche profondément solitaire.

L'aventure de l'art moderne a aussi ses témoins, ses chroniqueurs, qui sont, à leur manière, des artistes. La photographie y a pris un essor considérable et aujourd'hui la curiosité s'intensifie autour d'une production qui sort du témoignage pour devenir œuvre en soi. Ainsi en est-il d' André Villers, qui a porté un regard pittoresque sur Picasso, il est vrai assez volontiers complice. Mais c'est une vision plus ample encore que propose une exposition qui s'attache à une production étalée sur près d'un demi-siècle. Villers s'installe à Vallauris en 1954 et commence des travaux photographiques avec Picasso lorsque ce dernier est fixé à Cannes. C'est en toute logique qu'on l'y retrouve (salons de la Malmaison, jusqu'au 30 avril).

LEVEQUE Jean-Jacques

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6883