DEUXIEMES RENCONTRES DE GERONTOLOGIE PRATIQUE 18-19 JANVIER 2001 - PARIS

Les antineuraminidases réduisent les complications de la grippe

Publié le 17/01/2001
Article réservé aux abonnés
1276294819Img19051.jpg

1276294819Img19051.jpg

CONGRES HEBDO

Face à la grippe, la prophylaxie par le vaccin est fondamentale, les antineuraminidases peuvent être utilisées en curatif. Il s'agit d'une nouvelle classe de médicaments qui entraîne la résolution plus rapide des symptômes, l'amélioration de l'état physique et le retour à une activité normale. Ils diminuent la consommation d'antibiotiques, la morbidité et devraient réduire le nombre d'hospitalisations ; en sachant que chez les patients à risque et les sujets âgés, l'hospitalisation est décidée en fonction de l'état clinique, qu'il s'agisse d'une épidémie ou d'une hypothétique pandémie. Leur effet est également de prévenir les complications, on peut attendre une réduction de la transmission du virus ; d'où leur importance en collectivité et chez les sujets âgés.

Des symptômes moins intenses

Les inhibiteurs de la neuraminidase réduisent l'évolution de la grippe de 1 à 2,5 jours, en moyenne 1,5 jours, et facilitent le retour à une activité normale en réduisant l'intensité des symptômes. Cette réduction des symptômes serait d'autant plus importante que le traitement est précoce. Des études avec le zanamivir et l'ozeltamivir ont montré une réduction de la consommation d'antibiotiques, en sachant que seul le zanamivir a une AMM dans le traitement curatif de la grippe. Ils sont efficaces chez les patients présentant une pathologie respiratoire sous-jacente comme l'asthme, même s'ils étaient vaccinés. Une étude, en cours de publication, a montré que dans une population où 23 % des patients vaccinés présentaient une grippe, confirmée dans 60 % des cas, l'inhibiteur de la neuraminidase entraînait une réduction de 58 % des complications chez ceux ayant des antécédents respiratoires. Une étude avec l'ozeltamivir a mis en évidence une diminution de durée de la fièvre chez 25 % des sujets âgés et 37 % des patients à risque (antécédents cardiaques ou respiratoires). Une autre étude (Flemming et coll.), menée sur plus de 2 000 patients âgés de plus de 50 ans, dont 70 % avaient eu une grippe confirmée par la biologie, a montré que la sévérité de la grippe n'était pas corrélée au délai de consultation. De plus, l'efficacité du zanamivir sur la résolution de la durée était augmentée avec l'âge, jusqu'à 2,5 jours, chez les patients de plus de 50 ans, et avec la sévérité de la grippe, jusqu'à 3,5 jours chez ceux dont la forme était sévère (il s'agit du nombre de jours en moyenne de la durée de la grippe).
Cependant, les antineuraminidases réduisent-ils la mortalité et le nombre d'hospitalisations ? Des études sont actuellement en cours avec le zanamivir ou l'ozeltamivir. Ont-ils un intérêt prophylactique ? Tout le monde n'est pas vacciné contre la grippe ! Bien qu'en France le taux de vaccination soit de 75 % chez les patients de plus de 75 ans et de 55 % chez les patients en longue maladie, seuls 7,5 % du personnel soignant est vacciné. Or, en travaillant au contact des sujets âgés, ils peuvent leur transmettre le virus. D'où la nécessité qu'ils soient vaccinés. Chez les sujets âgés, l'OMS recommande l'utilisation d'amantadine en prophylaxie de la grippe. Des études ont montré l'efficacité du zanamivir, dans des institutions de sujets âgés, dans le contrôle de bouffées épidémiques, y compris après échec de l'amantadine, non utilisée en France. Une autre étude chez des sujets âgés ayant des maladies associées, a montré son efficacité en prévention de la grippe, supérieure à celle de la rimantadine. Le zanamivir entraîne une réduction de l'intensité des symptômes et des complications de la grippe. En outre, la voie d'administration inhalée est assez facile, même chez les patients un peu dépendants, et sa tolérance est bonne. Enfin, il a été montré (Gravenstein et coll.) qu'il conférait une protection intéressante chez les patients vaccinés au contact de sujets atteints par la grippe. Ces molécules (rappelons que seul le zanamivir a une AMM en curatif) ont donc un intérêt certain. Il faut mieux connaître leurs possibilités en curatif et en prophylaxie. Pour l'instant, il faut poursuivre la politique de vaccination.

D'après un entretien avec le Dr Pierre Veyssier, Compiègne

Dr Mathilde FERRY

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6837