Non les bactéries BLSE ne sont pas l’apanage de l’Hôpital. En témoignent les résultats d’une étude publiée ce jour dans la BEH* qui montrent qu’au niveau national, plus de 3 % des Escherichia Coli impliquées dans les infections urinaires de ville sont productrices de bêtalactamase à spectre élargi (BLSE).
3,3 % des souches d’E Coli productrices de BLSE
Alors qu’il a été montré récemment que la résistance de E.Coli augmente en ville, les auteurs de cette étude ont cherché à documenter la proportion de souches productrices de BLSE et la prévalence des résistances aux antibiotiques dans les infections urinaires à E.Coli traitées en ambulatoire en 2013. Au total 51 463 souches isolées d’urines dans 11 des 13 nouvelles régions de France métropolitaine ont été passées au crible. Dans cet échantillon, la proportion globale de souches productrices BLSE était de 3,3 %. Ce pourcentage variait de 1,8 % à 5,1 % selon les régions, avec des chiffres plus élevés en Île-de-France (4,2 %) en Centre-val-de-Loire (4,2 %) et en Provence-Alpes-Côte-d’Azur (5,1 %).
6 % de multirésistance
Concernant, les résistances aux antibiotiques, parmi les 6 antibiotiques évalués, la fréquence globale de résistance étaient de 1,3 % pour les furanes et la fosfomycine, 5 % pour le cefixime, 10,5 % pour la ciprofloxacine, 20,4 % pour le cotrimoxazole et jusqu’à 33,9 % pour l’association amoxicilline acide clavulanique. La résistance moyenne à au moins 3 des 6 antibiotiques testés (multirésistance) était de 6,2 %. Avec là encore certaines disparités régionales puisque les régions Île-de-France, Occitanie et Paca avaient un taux de multirésistance significativement plus élevé que la moyenne (p<0,05) alors que ce taux était significativement inférieur à la moyenne (p<0,05) dans les régions Grand-Est et Pays-de-Loire.
Les recommandations françaises confortées
Au vu de ces données « trois points nous semblent importants à souligner » analysent les auteurs. Premièrement, « la prévalence de la résistance à la fosfomycine et aux furanes est faible dans l’ensemble des régions . Ceci conforte les recommandations nationales pour le traitement des infections urinaires ». Deuxièmement, « la région Paca semble plus touchée par le phénomène de résistance aux antibiotiques bien qu’elle ne soit pas la région qui consomme le plus d’antibiotiques en ville en France ». Enfin, « bien qu’il existe des différences régionales, les différences observées entre régions sont souvent faibles et n’ont donc probablement que peu d’impact sur la pratique clinique et les résultats des traitements ».
Et au total, si ces données ne devraient pas modifier les pratiques dans l’immédiat, elles assoient la réalité des phénomènes de résistances et l’émergence de souche résistantes en ville. Elles soulignent aussi l’importance de la surveillance de la résistance en ville dont certaines spécificités restent à éclaircir.
*Martin D, et al. Prévalence régionale de la production de bêta-lactamase à spectre élargi et de la résistance aux antibiotiques au sein des souches de Escherichia coli isolées d’infections urinaires en ville en 2013 en France. BEH N° 24-25 - 26 juillet 2016
Pause exceptionnelle de votre newsletter
En cuisine avec le Dr Dominique Dupagne
[VIDÉO] Recette d'été : la chakchouka
Florie Sullerot, présidente de l’Isnar-IMG : « Il y a encore beaucoup de zones de flou dans cette maquette de médecine générale »
Covid : un autre virus et la génétique pourraient expliquer des différences immunitaires, selon une étude publiée dans Nature