L A prévalence de l'obésité chez les enfants américains a doublé entre 1980 et 1994 et les estimations les plus récentes montrent que 24 % d'entre eux sont au-dessus du 85e percentile de référence pour l'IMC (indice de masse corporelle).
Par ailleurs, on observe que la consommation des boissons sucrées a augmenté aux Etats-Unis de 500 % en cinquante ans. Entre 1989-1991 et 1994-1995, la consommation de ces sodas est passée de 195 à 275 ml dans la population générale et de 345 à 570 ml chez les enfants. La moitié de la population américaine et la plupart des adolescents consomment quotidiennement des sodas, dans leur majorité sucrés.
David Ludwig et coll. (Boston) se sont intéressés à la question et ont enrôlé 548 enfants scolarisés (âge moyen : 11,7 ans) d'origines ethniques diverses, et les ont étudiés prospectivement pendant dix-neuf mois, en considérant les consommations des boissons sucrées et les indices de masse corporelle (IMC).
L'étude indique que, chez les enfants, l'odds ratio pour devenir obèse augmente de 1,6 pour chaque boîte de soda prise par jour. A l'inverse, les chercheurs trouvent que la consommation de sodas sans sucre est associée de manière négative à l'incidence de l'obésité.
Compensation imprécise et imparfaite
Pourquoi le consommation des boissons sucrées apparaît-elle promotrice de l'obésité de manière plus importante que n'importe quelle autre catégorie d'aliments, s'interrogent les auteurs ? A court terme, la plupart des individus compensent un excès d'ingestion énergétique en mangeant moins au repas suivant. Mais, dans le long terme, des modifications de poids répondent à des adaptations physiologiques impliquant la faim et le taux métabolique, afin de tendre à retrouver le poids de base.
Dans le cas des boissons sucrées, il existe une explication plausible au bilan énergétique positif tel qu'il se dessine : la compensation énergétique est imprécise et imparfaite parce que les calories sont ingérées sous une forme liquide, à l'inverse de ce qui se passe pour les aliments solides.
Une équipe française de l'INSERM, dirigée par Marie-Françoise Rolland-Cachera et France Belisle, souligne ce phénomène dans un éditorial associé, où elle fait remarquer qu'un bon nombre des enfants de l'échantillon de Ludwig et coll. présentent un haut niveau d'adiposité. Cela indique que l'on a affaire à une population présentant une tendance à l'obésité, ce que l'on sait ne pas être idéal pour la régulation énergétique.
Une prévention comportementale
L'équipe française fait observer qu'une prévention comportementale peut avoir un effet intéressant. Ainsi, apprendre aux enfants à s'alimenter en réponse à des signaux physiologiques plutôt qu'à des injonctions sociales contribue à conserver une aptitude adéquate à la compensation énergétique.
« Lancet », vol. 357, 17 février 2001, pp. 505-508 (et éditorial pp. 490-491).
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