Les dix propositions des cardiologues pour les dix ans à venir

Publié le 21/01/2001
Article réservé aux abonnés

L E nouveau Livre blanc de la cardiologie libérale (2000-2010), réalisé par le Syndicat national des spécialistes des maladies du cœur et des vaisseaux (SNSMCV), apporte un démenti à ceux qui reprochent aux représentants des médecins libéraux un syndicalisme trop défensif.

C'est surtout l'acte vigoureux d'une profession qui se sent « agressée par une politique dans laquelle elle ne se reconnaît pas ». En formulant dix propositions pour les dix prochaines années, la spécialité reprend la main dans un contexte tendu.
« Ces propositions seraient évidemment caduques si les pouvoirs s'obstinaient dans la voie d'une régulation strictement budgétaire », met en garde le Livre blanc.
La refondation d'un « contrat conventionnel » est la première priorité identifiée, à l'heure où les spécialistes libéraux exercent toujours dans le cadre du règlement conventionnel minimal, un régime pénalisant.

Une lettre clé mobile

La création d'un « secteur (conventionnel) d'excellence » réservé en quelque sorte à une élite cardiologique est certainement la proposition la plus audacieuse, même si l'idée n'est pas nouvelle. Depuis que l'accès au secteur II est devenu extrêmement limit é, « toute perspective d'évolution de carrière est fermée à toute une génération de cardiologues », observe le syndicat. Ce secteur conventionnel autorisant un dépassement plafonné et remboursé serait fondé sur «  la soumission volontaire et régulière de ses membres à une procédure d'évaluation des pratiques », sur la base d'audits de dossiers.
Le SNSMCV suggère d'avancer dans la décentralisation du système de santé en «  régionalisant » les objectifs de dépenses. Dans l'esprit du syndicat des cardiologues, cette proposition va très loin, puisque cette déconcentration financière s'accompagnerait d'incitations au redéploiement de l'offre de soins cardiologiques, par exemple sous forme de «  modulation tarifaire  » (une partie de la valeur de la lettre clé serait variable en fonction des conditions régionales). Cette mesure, à expérimenter dans quelques régions pilotes, cache un défi de santé publique : on constate aujourd'hui que les régions où la mortalité cardio-vasculaire est la plus forte sont aussi les moins dotées en cardiologues.
Autre innovation de nomenclature : la création d'un « acte de prévention et d'éducation sanitaire » en cardiologie, ciblé sur l'hypertension artérielle compliquée. Des études démontrent en effet que, en cas d'HTA sévère, les recommandations hygiéno-diététiques des cardiologues sont très mal suivies par les patients concernés. L'objectif de cette lettre clé expérimentale, que le syndicat propose de rémunérer entre 300 et 500 F, serait de susciter chez le patient «  une prise de conscience  ».
Enfin, dans le contexte annoncé de déclin du nombre de cardiologues libéraux, le SNSMCV avance l'idée d'un métier de «  technicien en cardiologie  ». Un seul technicien pourrait à terme assumer la réalisation d'actes diagnostiques (ECG, écho, Doppler) pour le compte de plusieurs cardiologues.
Le syndicat propose, en outre, la promotion des «  plateaux techniques ambulatoires  » (sorte de cliniques sans lits), la création d'un «  collège des réseaux  » en cardiologie et l'expérimentation de contrats de coopération public-privé pour la prise en charge des urgences cardiologiques. Il appartient maintenant aux grandes centrales syndicales et aux pouvoirs publics de se prononcer sur cette plate-forme.

Cyrille DUPUIS

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6839