I L en a de la chance, Christophe Gans. Si le sujet, historique, lui a été imposé, les moyens ne lui ont pas été comptés pour réaliser tous ses rêves de cinéphile émerveillé qui aime autant le cinéma hollywoodien que les films fantastiques asiatiques. Il a pu s'offrir une brassée de comédiens français, appréciés des jeunes (comme Vincent Cassel, depuis « la Haine ») et des moins jeunes, un spécialiste des arts martiaux (Philip Kwok, qui a travaillé pour John Woo), des centaines de figurants et tout ce qu'il fallait pour créer les effets spéciaux nécessaires et évoquer la redoutable bête qui terrorisa le Gévaudan au XVIIIe siècle.
Moyennant quoi, dépassant le budget initial de 60 millions, il a réalisé le film le plus cher du cinéma français (200 millions) mais ne devrait pas trop s'en repentir à en juger par l'affluence, plus d'1 million de spectateurs en seulement cinq jours de projection.
N'était la définition première des séries B (films à petit budget mis en route pour les programmes doubles des salles populaires), on pourrait qualifier « le Pacte des loups » de magnifique série B : l'imagination et le kitsch au pouvoir sans grand souci de cohérence et le mélange des genres faisant fonction de style.
Même si le film dure 2 h20, on n'a guère le temps de s'ennuyer, il est vrai, puisqu'on navigue allègrement du thriller au kung fu en passant par le film historique, le western, le fantastique ou le romantisme le plus sucré. Poursuites sanglantes, corps à corps bruyants, marivaudage au coucher du soleil, passions funestes, intrigues de salon se mêlent en une mixture bien loin de la nouvelle cuisine cinématographique. Et l'on n'aurait pas fini d'examiner les références, volontaires ou inconscientes, de Christophe Gans.
Des références d'autant plus visibles que le cinéaste est adroit : il sait manier la caméra (si bien d'ailleurs qu'elle ne cesse guère de bouger en tous sens, à l'exception des inutiles ralentis à la Peckinpah) et ne recule pas devant la difficulté. Qu'il s'agisse de filmer les aspérités du Gévaudan ou les fastes de Versailles, il n'hésite pas. Pas plus qu'il ne craint de montrer la bête, images dont un cinéaste plus aguerri ou moins naïf aurait sans doute fait l'économie.
Dans ce salmigondis, les acteurs n'ont pas forcément le beau rôle, se retrouvant parfois à la limite du ridicule. Samuel Le Bihan, Vincent Cassel, Marc Dacascos Jérémie Rénier, Emilie Dequenne, Jean Yanne, Edith Scob ont en tout cas dû s'amuser à jouer ces personnages sans grande réalité humaine, c'est déjà ça. Et si le spectateur se laisse entraîner comme eux dans l'aventure, c'est pour en ressortir en se demandant ce qu'il a vu : une grande épopée ou un « nanar » ?
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