Les fleurs du mâle

C'était un film avant la déferlante des séries avec leur rythme épuisant de rebondissements et de coups de force scénaristiques. Avec Les Fleurs de Shanghai, sorti sur les écrans en 1998, le temps ne s'est pas arrêté dans les bordels de la ville fréquentés exclusivement par les riches fumeurs d'opium autochtones. Il prend seulement son temps. Hou Hsiao Hsien nous raconte la vie difficile d'un haut fonctionnaire chinois partagé entre deux courtisanes selon la terminologie politique correcte, Rubis et Jasmin. Tourné en plans séquences, le film accorde autant d'importance aux personnages qu'à l'univers de luxe dépeint à travers les soieries et les services de porcelaine. Le plaisir ici se décline, se déplie selon tous les usages possibles. Ce qui n'exclut pas le surgissement inattendu de la violence. Est-ce le sexe ou l'argent qui fait tourner le monde ? Dans les maisons de tolérance de Shanghai, on n'a pas de fausses pudeurs face à la question. Et c'est peut-être là la grande difficulté que soulève le film. Le spectateur occidental ne dispose pas de toutes les clés de lecture d'un film qui s'inscrit dans une civilisation, des références qui lui échappent. La beauté esthétique du film n'épuise pas le sens de l'œuvre. Demeure pour le spectateur occidental un mystère qui enveloppe le film et n'est pas sans charme.

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Les fleurs de Shanghai, de Hou Hsiao Hsien, éditions Carlotta, DVD Blu Ray, en coffret prestige, DVD et Blu-ray.