Si « Le Généraliste » était paru en 1921

Les glossomanes, ces hypocondres...

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Publié le 27/09/2017
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Crédit photo : Phanie

Vous en connaissez, vous en avez certainement observé autour de vous de ces maniaques qui sortent à tout instant un miroir de leur poche, pour vérifier l’état de leur langue ou un petit instrument qui sert à la racler. Ces malades, car ce sont de véritables névropathes, se croient des dyspeptiques parce que leur langue est recouverte d’un enduit saburral, enduit qui persiste malgré les purgatifs ou les laxatifs, ce qui les désespèrent ! Le Dr Linossier, qui a particulièrement étudié ce symptôme, en est arrivé à conclure que ces sujets chez lesquels le régime et la diététique n’amènent aucune amélioration, sont des hypocondriaques et il se demande si l’attention constamment concentrée sur la langue n’est pas capable de produire la persistance de cet état.

Pour M. le Professeur H. Surmont, si la thérapeutique ordinaire est impuissante dans de pareils cas, c’est que nombre d’individus ont normalement une langue blanchâtre ; pour peu qu’ils aient une prédisposition névropathique, ils deviendront glossomanes et le resteront. Notons à ce propos que la glossomanie est fréquente chez les Japonais, que l’on voit communément se gratter la langue avec énergie pour la nettoyer de l’enduit qui la recouvre.

Peut-on guérir la glossomanie ? Il semble que la suggestion seule soit efficace ; il faut persuader ceux qui en sont affectés qu’il n’y a rien là de pathologique, que beaucoup de personnes bien portantes offrent la même particularité, que leur langue blanchît par excès de salive, « comme la peau d’une blanchisseuse au contact de l’eau ». On a, d’ailleurs, constaté qu’un repas abondant et, surtout, un repas à aliments solides, du pain en particulier, nettoie la langue de ces malades, et qu’une salivation abondante produit les mêmes effets. C’est rassurant.

(Chronique médicale, 1921)


Source : lequotidiendumedecin.fr