L E 17 janvier 2001, le remboursement d'un traitement local de la dysfonction érectile a été officiellement publié au « Journal officiel ». Pour les cinq cent mille personnes qui souffrent de dysfonction érectile organique en France, cette décision n'est pas anodine, car, au-delà de l'aspect financier, c'est véritablement la reconnaissance d'une pathologie médicale qui vient d'être annoncée.
Après la période des tabous, puis celle de la surmédiatisation des troubles érectiles, accompagnée de la recherche du produit miracle, il semble qu'une attitude plus pragmatique ait été choisie.
Une prostaglandine, l'alprostadil
Edex, des Laboratoires Schwartz Pharma, est un produit commercialisé depuis cinq ans, dont l'efficacité et la tolérance ont été largement démontrées. Le produit injecté dans le corps caverneux est constitué d'une prostaglandine (PGE1), l'alprostadil, combinée à de l'alphacyclodextrine qui stabilise le produit et lui confère sa reproductibilité. Après injection, une érection rapide (5-10 min) est obtenue chez 90 % des patients, par un effet relaxant sur les fibres musculaires lisses. L'effet direct sur l'AMP cyclique (indépendant du monoxyde d'azote) permet de shunter différentes structures anatomiques potentiellement lésées par la pathologie organique sous-jacente (fibres nerveuses, cellules endothéliales...). L'érection obtenue dure vingt minutes, quel que soit le type de pathologie (neurogène, diabétique, vasculaire, etc.). Il n'existe aucun effet systémique du produit et très peu d'effets indésirables locaux. La molécule a, en outre, peu d'interactions médicamenteuses. L'absence d'interaction avec les dérivés nitrés permet de le prescrire au coronarien.
445 600 diabétiques
En France, on estime à 500 000 le nombre de personnes concernées par les troubles érectiles sévères, dont 445 600 diabétiques, 13 424 opérés de cancer colo-rectal, 4 000 hommes ayant subi une prostatectomie radicale, 2 232 porteurs de sclérose en plaques et 500 paraplégiques. Le diabète est de loin la cause la plus fréquente de déficit érectile : de 8 à 10 % des moins de 40 ans rapportent des troubles, 70 % des diabétiques de type 2 après 40 ans, la moitié a un décifit érectile avéré dix ans après le diagnostic de diabète. A cela trois explications : la microangiopathie (dont la neuropathie) multiplie par 3 le risque de déficit érectile, la macroangiopathie par 5,6 ; l'hypertension artérielle par 2,6. Des facteurs psychologiques et des atteintes neuro-tissulaires sont aussi déterminants. On sait, en outre, qu'il existe une atteinte des cellules endothéliales qui limite la sécrétion de monoxyde d'azote (NO). Enfin, des facteurs médicamenteux peuvent également induire ou aggraver les troubles.
Très peu de patients ont déjà fait part de leurs problèmes
Si l'origine du déficit érectile du diabétique est aujourd'hui bien connue, très peu de patients ont déjà fait part de leurs problèmes à leur clinicien. Une enquête menée par l'Association française des diabétiques (AFD) a révélé que 96 % des adhérents de l'association n'ont jamais eu l'occasion de demander un traitement à leur médecin. Pour Mme Patricia Preiss, directrice de l'AFD, « il faut réinsérer la sexualité dans le droit à la santé et prendre en charge les difficultés sexuelles du diabétique au même titre que les autres complications de la maladie ».
Actuellement, les prescriptions sont majoritairement prises en charge par les spécialistes, urologues, andrologues, qui pratiquent la première injection à l'occasion d'une consultation. La piqûre est peu douloureuse et le geste facilement assimilé par le patient (aiguille fine, matériel d'injection simple).
Des indications précises
Edex ne peut être remboursé que s'il est prescrit sur une « ordonnance de médicaments d'exception », dans les indications suivantes :
- paraplégies, tétraplégies (quelle qu'en soit l'origine) ;
- traumatismes du bassin compliqués de troubles urinaires ;
- séquelles de chirurgie : anévrisme de l'aorte, prostatectomie radicale, cystectomie totale, exérèse colo-rectale, radiothérapie abdomino-pelvienne ;
- séquelles de priapisme ;
- neuropathie diabétique avérée ;
- sclérose en plaques.
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