JAZZ-ROCK
Par Didier PENNEQUIN
L 'ORGUE a connu des fortunes diverses dans le jazz. Mais bien après les tentatives de Thomas « Fats » Waller et son orgue à tuyaux dans « Jitterburg Waltz », le jeu délirant de Milt Buckner, Wild Bill Davis ou « Brother » Jack McDuff, qui vient tout juste de disparaître, c'est surtout à Jimmy Smith que l'on doit la véritable popularisation et la reconnaissance de l'orgue, spécialement le Hammond B3.
Né James Oscar Smith, le 8 décembre 1928 à Norristown, en Pennsylvanie, dans une famille de pianistes, Jimmy Smith est devenu organiste après avoir étudié la contrebasse et le piano. C'est en 1956 qu'il fait ses premières armes, mais c'est à partir de 1957 qu'il va définitivement donner ses lettres de noblesse à un instrument tout droit sorti de l'église et des sons churchy. Une étoile est née ! Avec son authentique machine à swing et à rythmes, Jimmy Smith va graver quelques albums mémorables, comme le prouve, par exemple, la récente réédition d'un chef-d'uvre du genre, « Organ Grinder Swing » (Verve/Universal), enregistré en 1965 avec les accompagnateurs de très grande classe que sont Kenny Burrell (guitare) et Grady Tate (batterie). Ayant retrouvé une seconde jeunesse, l'organiste a fait un formidable retour en début d'année 2001, avec un nouveau CD, « Dot Com Blues » (Blue Thumb/Universal), qui est la rencontre entre un virtuose toujours inspiré et swinguant et plusieurs pointures du blues, la chanteuse Etta James, surnommée « la Mama du blues », le guitariste B.B. King, le pianiste Dr. John, le chanteur Taj Mahal et la jeune pousse, Keb' Mo'. Le résultat est tout à fait exceptionnel musicalement et doit se consommer sans modération.
Cela fait près de 40 ans que Eddy Louiss fait entendre le son et le style de son orgue Hammond B3 dans le paysage jazzy français. Né dans une famille de musiciens antillais, d'abord accompagnateur de vedettes comme Claude Nougaro ou Stan Getz, Eddy Louiss s'est imposé voici plusieurs décennies comme un des spécialistes du genre en Europe grâce à ses talents de leader - des petites formations au Multicolor Feeling, son grand orchestre à géométrie variable - et de compositeur toujours très orienté vers un monde musical sans frontières. Sa dernière production, « Récit proche » (Dreyfus Jazz/Sony Music), enregistrée avec Xavier Cobo et Daniel Huck (saxes), Jean-Marie Ecay (guitare), Julio Rakotonanahary (basse) et Paco Séry (batterie), est une preuve supplémentaire de la diversité rythmique et mélodique recherchée par l'organiste. Ceux qui ne connaissent que l'aspect actuel de la musique d'Eddy Louiss doivent impérativement se procurer « Trio » (Dreyfus Jazz/Sony Music), une réédition datant de 1968, dans laquelle le leader, aux côtés de René Thomas (guitare) et de Kenny Clarke (batterie), revisite avec fougue et swing plusieurs standards du jazz, à une époque où celui-ci justement cherchait à s'extraire des conventions.
Pour les amateurs de duos énormes, la rencontre entre Rhoda Scott, l'organiste aux pieds nus, et le batteur Kenny Clarke, en 1977, dans la collection « Jazz in Paris » (Gitanes Jazz/Universal), est une autre belle leçon de swing et de groove.
Piano bar et boogie
Treizième édition des désormais incontournables « Nuits Jazz & Piano Boogie », qui réunissent, deux soirées durant à Paris, la fine fleur des derniers représentants du piano Harlem stride, blues, rhythm'n'blues et boogie-woogie, des styles musicaux basiques et traditionnels tout droit sortis du XIXe siècle, qui comptent encore beaucoup d'adeptes et d'amateurs.
Au programme de ces rencontres remplies de swing et de rythmes, les pianistes français Jean-Paul Amouroux et Jean-Pierre Bertrand - tous deux inconditionnels de Memphis Slim, Sammy Price ou Jay McShann -, le trio Lancelot et ses Chevaliers (style New Orleans et Harlem Stride), leurs homologues allemands Frank Muschalle, Joe Bohnsack et surtout Axel Zwingenberger, qui, avec 28 albums à son actif, fait partie des derniers grands représentants européens de cette musique.
Egalement programmés, Jack Carter (Grande-Bretagne), 15 ans, considéré comme un espoir et la relève dans un genre plus que centenaire, et le Mojo Blues Band, un-quintette N.O. et boogie woogie qui se produira pour la première fois en France.
Salle Wagram (01.803.803.803), les 23 et 24 février, 21 h.
BLOC NOTES
Al Foster
Miles Davis, d'habitude avare de louanges, disait de lui : « Tout ce que je désirais chez un batteur, Al Foster le possédait ». Pendant treize années, Al Foster, 57 ans aujourd'hui, a prêté le son de ses caisses et de ses cymbales et a contribué à façonner l'univers musical davisien. D'abord, au début des années 1970, alors qu'explosaient le jazz-rock et la musique de fusion, dont le génial trompettiste fut un des principaux artisans ; puis, lors du retour du « Prince des ténèbres » à partir des années 1980. Entre temps, le batteur s'était associé à des jazzmen aussi différents que Sonny Rollins, Herbie Hancock ou encore Joe Henderson, Stan Getz, George Benson, ainsi qu'à des chanteuses comme Shirley Horn ou Carmen McRae. Après avoir effectué une tournée européenne en 1999 à la tête d'un super-groupe - John Scofield (guitare), Joe Lovano (saxes), Dave Holland (basse) -, il avait intégré le trio du pianiste McCoy Tyner au cours de l'été 2000 pour des concerts dans plusieurs festivals. Il est de retour en quartette avec Antoine Roney (saxes), Aaron Goldberg (piano) et Doug Weiss (basse).
Paris, New Morning (01.45.23.51.41), 23 février, 21 h.
Nice, Cedac Cimiez (04.93.53.85.95), 22 février, 21 h.
Claude Tissendier
Saxophoniste et clarinettiste, Claude Tissendier, titulaire d'un fauteuil de soliste au sein du grand orchestre de Claude Bolling, est aussi un fan inconditionnel de la musique de Count Basie, comme le prouve l'hommage qu'il rendra à la musique du célèbre chef d'orchestre, à la tête de sa moyenne formation très Kansas City Seven.
Paris, Petit Journal Saint-Michel (01.43.26.28.59), 22 février, 21 h.
Larry Schneider
Entendu aux côtés de Thad Jones, Billy Cobham ou Horace Silver, le saxophoniste américain Larry Schneider travaille depuis plusieurs années avec des musiciens français de renom, dont François Méchali (basse), François Couturier (claviers) et François Laizeau (batterie). Un travail qui porte ses fruits et qui a permis d'établir de nouvelles relations musicales.
Paris, Sunside (01.40.26.21.25), 21 et 22 février, 21 h.
Paolo Fresu
Il est désormais inutile de présenter celui qui est aujourd'hui le plus proche disciple du jeu et de la sonorité de Miles Davis, le trompettiste italien Paolo Fresu. Pour son nouveau séjour dans la capitale, il a obtenu une « carte blanche » qui lui permettra d'accueillir, durant une semaine, des groupes à géométrie variable, comme son propre Quintet transalpin, son trio PAF avec le pianiste Antonello Salis et son Angel Quartet avec notamment N'Guyen Lê (guitare).
Paris, Duc des Lombards (01.42.33.22.88), du 19 au 26 février, 21 h.
Carnaval brésilien au Bataclan
La nuit de samedi prochain sera chaude au Bataclan, où le carnaval « Rio 2001 » déroulera ses fastes et ses danses. Une nuit qui sera 100 % samba, avec la chanteuse carioca Catia Werneck, une des plus belles voix brésilienne du moment, accompagnée par un orchestre de dix musiciens, mais aussi les splendides danseuses de la troupe Brasilatino de Bia Oliveira et Marcia Parentes, la plus exhubérante troupe de danseuses brésiliennes de Paris parées des plus beaux costumes de carnaval, ou encore le samba mix chic et éclectique de DJ jan... Décorations typiquement carnavalesques et Caipirinhas « nota 10 » à l'appui !
Samedi 24 février de 23 h à l'aube. 50, bd Voltaire, 75011 Paris. Tél. : 01.43.14.35.35.
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