L'été 2018 a connu 30 % de plus de noyades accidentelles que celui de 2015, révèle l'enquête NOYADES publiée dans le bulletin épidémiologique hebdomadaire du 11 juin. Ces noyades sont responsables de près de 4 décès par jour, alors qu'elles sont en grande partie évitables.
Les enquêtes NOYADES, coordonnées depuis 15 ans par Santé publique France, recensent tous les trois ans les noyades accidentelles ou intentionnelles, prises en charge par des services de secours, et suivies d'une hospitalisation ou d'un décès. L'enquête 2018 a été réalisée entre le 1er juin et le 30 septembre 2018, via un questionnaire soumis aux services de secours de métropole et d'outre-mer.
Un quart des noyades accidentelles sont mortelles
Quelque 1 960 noyades ont été recensées au cours de l'été 2018, dont 84 % (1 649, soit 12 par jour) sont d'origine accidentelle, 8 %, intentionnelles (149 suicides, tentatives ou agressions) et 8 % (162) d'origine inconnue. Sans surprise, les noyades se concentrent lors des week-ends et lors de la période caniculaire.
Les issues fatales représentent 25 % des noyades accidentelles, et 60 à 63 % des noyades intentionnelles ou d'origine inconnue.
Santé publique France déplore une hausse de 30 % des noyades accidentelles entre 2015 et 2018, surtout chez les moins de 13 ans (de 338 à 600 noyades) et les 0-6 ans (+ 96 %). Le nombre de décès est en revanche resté stable (436 en 2015, 406 en 2015).
Les jeunes et les âgés les plus vulnérables
Les enfants de moins de 6 ans et les personnes de plus de 65 ans sont les plus touchés : ils représentent respectivement 28 % et 22 % des noyades accidentelles et 9 % et 35 % des décès – le risque fatal augmentant avec l'âge.
Les noyades accidentelles surviennent principalement en mer (44 %), surtout dans les zones non surveillées, en piscine (31 %), et en cours d'eau ou plan d'eau (22 %). Près des trois quarts des noyades en piscine privée familiale concernent des enfants de moins de 6 ans, pendant la baignade, faute de surveillance, alors que le dispositif de sécurité ne fonctionne pas.
Les noyades en mer touchent, elles, les adultes à partir de 45 ans ; près d'un quart sont mortelles. Les accidents en cours d'eau concernent des jeunes adultes, qui pratiquent des activités non encadrées, parfois sous l'emprise de l'alcool, dont une consommation est avérée ou suspectée dans 6 % des noyades (toute situation confondue).
La victime se noie au cours de la baignade (dans 71 % des cas), surtout lorsqu'elle pratique une autre activité comme le bateau, la pêche, l'apnée, le canoë-kayak ou le rafting. Dans 20 % des cas (voire la moitié des cas pour les plus de 65 ans), le nageur subit un malaise.
À noter, 41 noyades d'enfants de moins de 6 ans ont eu lieu dans des baignoires et, dans une moindre mesure, en piscine gonflable.
Conséquences des fortes températures
Selon les chercheurs Aymeric Ung et coll., cette hausse des noyades s'explique en partie par le contexte de fortes chaleurs (2018 fut le deuxième été le plus chaud depuis 1900) qui invite les gens à se baigner. Autres facteurs avancés : la médiatisation de la noyade sèche, qui interviendrait plusieurs heures ou jours après la baignade, un concept qui « ne repose sur aucune base scientifique ou médicale », mais qui a pu entraîner une sollicitation plus élevée des secours par les parents, ou encore un meilleur recensement des noyades.
En conclusion, Santé publique France appelle à renforcer la surveillance permanente des enfants, à développer l'apprentissage de la nage chez tous (un Français sur six déclare ne pas savoir nager) et à tenir compte de son état de santé. Les stratégies de lutte contre les noyades doivent être globales, de l'aménagement et signalisation des lieux, au renforcement des campagnes de sensibilisation selon les groupes d'âge et les lieux de noyades. Le plan « Aisance aquatique » lancé en avril dernier, vise à favoriser l'apprentissage de la natation dès le premier âge et à lutter contre l'aquaphobie.
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