CONGRES HEBDO
D E nombreuses affections de la sphère ORL et de la région cervicale peuvent provoquer des otalgies en raison d'une innervation très complexe qui met en cause quatre paires crâniennes (V, VII, IX, et X) et des branches du plexus cervical avec leurs interconnections et leurs anastomoses : chaque nerf innerve un certain nombre d'organes et un organe est innervé par plusieurs nerfs.
Sur le plan clinique, les caractéristiques de la douleur décrite par le malade orientent le diagnostic.
Il faut donc faire préciser sa topographie (localisation stricte à l'oreille, ou irradiation vers l'il ou vers l'articulation temporo-mandibulaire ou encore vers le cou), son horaire et ses circonstances de survenue (plutôt matinale au réveil, plutôt le soir, déclenchée par la mastication ou la déglutition...).
L'interrogatoire sera suivi d'un examen ORL complet : l'oreille en premier lieu, mais aussi le carrefour aérodigestif (pharynx, amygdales, larynx), et en l'absence de cause otologique nette, la cavité buccale (dents, langue...), l'articulation temporo-mandibulaire et la région cervicale par l'inspection et la palpation cervicale antérieure des glandes sous-maxillaires et la palpation cervicale postérieure destinée à déceler une contracture ou un massif articulaire douloureux du côté de l'otalgie.
Toutes les structures de l'oreille, le pavillon, le conduit auditif externe, le tympan et la caisse, peuvent être le siège de lésions ou d'affections susceptibles d'entraîner des otalgies très douloureuses.
Entre autres exemples :
- au niveau du pavillon, l'othématome (hématome d'origine traumatique qui s'infiltre entre le péricondre et le cartilage), le zona, le nodule douloureux du pavillon (lésion cutanée cartilagineuse qui impose l'exérèse pour examen histologique afin d'exclure toute lésion maligne) ;
- au niveau du conduit auditif externe, l'otite externe, pathologie dermatologique lié au confinement qui survient essentiellement l'été pendant les baignades, une mycose, un furoncle, une exostose du conduit mais aussi des lésions malignes (carcinomes épidermoïdes baso- ou spinocellulaires du conduit, lymphophiles, souvent très graves).
- au niveau du tympan, les perforations tympaniques traumatiques, les otites phlycténulaires d'origine virale, au niveau de la caisse du tympan, les otites séreuses, l'otite moyenne aiguë, l'otite chronique, le choléstéatome, etc.
Les causes non auriculaires
Dans le cadre des causes ORL, la pathologie infectieuse amygdalienne (angine de Vincent, phlegmon péri-amygdalien, angine herpétique, mononucléose infectieuse...) s'accompagne d'otalgies d'intensité variable.
En pratique, toute otalgie, notamment chez un sujet fumeur ou avec un mauvais état dentaire, doit faire rechercher un cancer de l'amygdale et impose un examen complet de toute la sphère ORL car toutes les lésions du pharynx, de la langue et du larynx peuvent donner des otalgies.
En dehors de la pathologie ORL, les lésions de l'articulation temporo-mandibulaire comme le syndrome dysfonctionnel de l'appareil manducateur (SADAM) se traduisent par des otalgies, des acouphènes et des sensations d'oreille « bouchée » qui s'expliquent par la proximité de l'articulation temporo-mandibulaire et du conduit auditif externe et par une innervation commune par le nerf auriculo-temporal.
Les signes d'appel sont une douleur auriculaire et péri-auriculaire, qui peut irradier sur le trajet du muscle masticateur avec limitation de l'ouverture buccale, bruits articulaires et parfois des blocages.
L'examen de l'articulé dentaire oriente le diagnostic qui est confirmé par un examen panoramique dentaire et par le scanner.
Enfin, une otalgie qui ne fait pas sa preuve, après un examen ORL complet et un examen de l'articulation temporo-mandibulaire doit faire évoquer la possibilité d'un problème cervical qui se traduit par une douleur irradiant vers le cou, la mandibule, s'accompagnant parfois de névralgie cervico-brachiale.
La palpation retrouve très souvent une contracture ou un massif articulaire douloureux.
Des traumatismes sont le plus souvent en cause (traumatisme cervical lors d'un accident de voiture, malposition lors du sommeil, traumatismes de l'enfance, mauvaise ergonomie au travail...) mais, parfois, aucune étiologie n'est retrouvée.
D'après la communication du Dr Bernard Colin (Lyon).
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