P AS d'effets démontrés sur la santé, pas de données épidémiologiques concluantes, peu de domaines explorés en la matière : les conclusions du rapport d'experts réunis, en juin 2000, par la direction générale de la Santé (DGS) sont dans la lignée des quelques études réalisées sur les effets de l'utilisation des téléphones portables sur la santé.
Si les désormais indispensables téléphones mobiles entraînent des effets biologiques variés chez l'homme, rien ne prouve qu'ils représentent des menaces pour sa santé. La recherche doit toutefois se poursuivre, souligne prudemment ce groupe d'experts dont les recommandations ont fait (ou feront) l'objet d'actions des pouvoirs publics.
Le ministère de la Santé prépare tout d'abord un document d'information, largement diffusé, qui reprendra les conseils préconisés par les experts afin d'associer les usagers du portable à une réduction des expositions superflues. Parmi ces recommandations, il y a notamment celle de réduire l'utilisation des téléphones mobiles dans des conditions de médiocre réception, dans le train, par exemple, ou plus généralement lors de déplacements (ce qui est pourtant l'intérêt même du portable) ; ou encore celle de s'équiper d'un kit oreillette. Le document présentera les phénomènes physiques et biologiques associés à la téléphonie mobile, en indiquant que l'exposition des personnes habitant près des antennes de stations de base est très nettement inférieure à celle des utilisateurs de téléphones portables. En outre, il suggéra aux parents de « veiller à ce que les enfants équipés de ces téléphones en fassent un usage modéré » et rappellera les risques liés à leur utilisation lors de la conduite automobile.
Par ailleurs, les pouvoirs publics ont décidé d'inscrire dans la réglementation nationale les recommandations de la commission européenne du 12 juillet 1999. L'objectif est d'introduire, par un décret en cours d'élaboration, les valeurs limites d'exposition du public aux radiofréquences émises par les stations relais et les téléphones mobiles, et d'organiser des mesures comparatives par des organismes de contrôle habilités et des méthodes de mesures harmonisées. Il imposera également aux professionnels d'indiquer sur l'emballage et sur la notice de l'appareil la puissance des radiofréquences qu'il émet ainsi que le débit d'absorption spécifique local.
Les pouvoirs publics souhaitent enfin rester vigilants sur le respect, par les stations de base, des recommandations européennes. L'Agence nationale des fréquences (ANFr), en liaison avec les opérateurs de téléphonie mobile, de radio professionnelle et de radiodiffusion, va recenser, dans un premier temps, tous les sites considérés comme sensibles (hôpitaux, écoles, etc.) qui pourraient être dans l'axe d'un faisceau ou à moins de 100 mètres d'une antenne d'une macro-cellule. Elle procédera ensuite, dans ces sites, à des évaluations et des mesures de radiofréquences afin de s'assurer que ces dernières sont en dessous des normes transcrites en droit français. Ces mesures seront rendues publiques sur le site Internet de l'ANFr (www.anfr.fr). L'agence pourra, le cas échéant, demander aux opérateurs de téléphonie de modifier leurs installations.
Pas de risque de cancer, selon une nouvelle étude
Selon une étude danoise menée auprès de 420 000 personnes, l'utilisation du téléphone portable n'augmente pas les risques de cancer (tumeurs cancéreuses au cerveau, le cancer des glandes salivaires, la leucémie, etc.). Cette enquête a été menée de 1982 à 1995, auprès d'utilisateurs de portables qui étaient, en Europe, les premiers à utiliser ces types de téléphones. 3 391 cas de cancer ont été constatés parmi les usagers du portable, alors que 3 825 cas étaient attendus dans cette population selon le registre du cancer du Danemark. Cependant, selon l'un des auteurs de l'enquête, Christoffer Johansen, il est impossible d'affirmer qu'il n'existe aucun risque car « nous n'avons pas trouvé de grands utilisateurs du téléphone portable durant la période analysée ». Le chercheur a souligné qu'il faudrait 5 à 10 ans avant que l'on établisse définitivement la relation de cause à effet. Le principe de précaution a encore été évoqué quant à l'utilisation des téléphones portables par les enfants. L'enquête n'a en effet concerné que les personnes de plus de 18 ans. « Il n'y a pas de raison que les enfants utilisent le téléphone portable plus que nécessaire tant qu'on n'a pas encore cherché si les ondes du téléphone sont dangereuses ou non pour eux », a estimé Christoffer Johansen.
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