Prise en charge de l’endométriose

Les prochaines recommandations centrées sur les preuves

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Publié le 06/07/2017
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Maladie bénigne qui peut avoir un impact majeur sur la qualité de vie, l’endométriose touche globalement de 10 à 15 % des femmes en période d’activité génitale, et une proportion plus importante parmi celles présentant des douleurs ou des troubles de la fertilité.

Les dernières recommandations pour la pratique clinique sur la prise en charge de l’endométriose du collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) dataient de 2006. « L’ancienneté des dernières recommandations, les avancées sur la prise en charge médicale et chirurgicale et enfin une médiatisation importante autour de l’endométriose grâce au concours des associations de patientes ont conduit à une demande d’actualisation », explique le Pr Pierre Collinet (Lille). « Les Prs Michel Canis, Xavier Fritel et moi-même avons été sollicités pour cette mise à jour, qui est réalisée sous l’égide du CNGOF et de la Haute Autorité de santé (HAS) ». Cette actualisation porte sur l’ensemble des volets de la prise en charge : médical, chirurgical, infertilité, parcours de soins et information des patientes.

« Il s’agit d’un travail important, qui a mobilisé plus de 25 spécialistes –gynécologues, chirurgiens et médecins de la reproduction – des médecins généralistes et enfin des associations de patientes. L’objectif est une diffusion large de ces recommandations parmi les différents professionnels de santé impliqués dans la prise en charge de l’endométriose », précise le Pr Collinet, coordinateur de ces recommandations.

Groupes de travail

Quatre groupes de travail ont été constitués : le groupe « épidémiologie et diagnostic » animé par le Pr Arnaud Fauconnier, le groupe « traitement médical » animé par le Pr Hervé Fernandez, le groupe « chirurgie » par le Pr Horace Roman et enfin le groupe «
assistance médicale à la procréation » par le Pr Pietro Santulli. À l’issue de plusieurs réunions depuis septembre 2016, les 25 textes ont été écrits et finalisés, les textes de synthèse rédigés et les propositions de recommandations validées. Tous ces textes doivent être envoyés pour relecture le 7 juillet et la nouvelle version de ces recommandations pour la pratique clinique sera présentée en plénière lors du prochain congrès du CNGOF (5 au 8 décembre 2017) qui se déroulera à Lille (1).

Si l’activité scientifique dans le domaine de l’endométriose est très importante, les essais randomisés sont peu nombreux, ce qui explique en partie les disparités dans la prise en charge de cette maladie, dont le délai moyen au diagnostic est de 7 ans. « Nous avons essayé d’éviter au maximum les accords professionnels pour privilégier les recommandations basées sur des travaux scientifiques de haut niveau de preuve, souligne le Pr Collinet. Certaines pourront paraître décevantes faute de preuves, mais des avancées ont été réalisées et ces recommandations vont apporter des éléments nouveaux ».

Des examens de qualité

Globalement, pour la prise en charge médicale, la tendance est de bien poser les indications des examens complémentaires tels qu’échographie, IRM, ou coloscanner. Ces derniers doivent être réalisés par des praticiens ayant une connaissance de l’endométriose et à même de rechercher toutes les localisations de la maladie afin d’éviter de répéter les investigations.

Le traitement médical doit être efficace et bien toléré et s’appuyer si besoin sur les consultations d’algologie chez les femmes souffrant de douleurs importantes. Les cœlioscopies à visée diagnostique doivent être évitées et les indications opératoires mieux ciblées, en particulier en cas d’endométriose ovarienne pour ne pas affecter la réserve ovarienne.

« Pour la fertilité, les études font défaut et nous avons surtout cherché à établir des stratégies de prise en charge », rappelle le Pr Collinet, avant de souligner que la recherche sur l’endométriose reste très active afin d’améliorer les pratiques. À l’échelon national, plusieurs projets hospitaliers de recherche clinique (PHRC) sont en cours et des études industrielles sont menées en Europe et au niveau mondial.

Centres experts

« Par ailleurs, une réflexion nationale est menée, sous la coordination du Pr François Golfier par la commission « endométriose » du CNGOF en collaboration avec la Société de chirurgie gynécologique et pelvienne (SCGP), sur la définition de centres experts et de centres de compétences afin d’améliorer le parcours de soins et garantir une quantité de prise en charge thérapeutique optimale » indique le Pr Collinet.

D’après un entretien avec le Pr Pierre Collinet, Lille.
(1) http://www.cngof-congres.fr

Dr Isabelle Hoppenot

Source : Bilan Spécialiste