V ISIBLEMENT, Elisabeth Guigou n'a pas tout à fait réussi à renouer le dialogue avec les professionnels de santé. Trois semaines à peine après le « Grenelle de la santé », le Centre national des professions de santé (CNPS), qui regroupe 23 organisations professionnelles et était à l'origine de la semaine « santé morte » de la fin de l'année dernière, appelle ses adhérents à une nouvelle journée d'action le 8 mars prochain.
A l'origine de ce mouvement de mauvaise humeur, la décision de la ministre de l'Emploi et de la Solidarité de maintenir le dispositif actuel de maîtrise des dépenses de santé dont l'abrogation est l'une des principales revendications des syndicats médicaux. Une décision qui apparaît aujourd'hui comme un « casus belli ». « Ce serait dommage, alors que tout le monde reconnaît que c'est un système injuste et inefficace, qu'elle ne commence pas par nous donner des gages de sa bonne volonté et qu'au contraire elle fixe un objectif de dépenses qui, de toute façon, sera sans commune mesure avec les besoins des patients », avertit le Dr Jacques Reignault, président du CNPS.
Il rejoint l'opinion du Dr Claude Maffioli, président du principal syndicat de médecins libéraux, la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), qui regrettait dans un entretien avec « le Quotidien » que le gouvernement « ait botté en touche » en mettant en place une mission de concertation pilotée par un comité des sages, alors que, selon lui, la question se résumait à : est-ce que le gouvernement souhaite ou non garder « le bouclage comptable des dépenses » ?
Fermeture des cabinets
La date de cette nouvelle journée d'action n'a donc pas été choisie tout à fait par hasard puisqu'elle intervient à trois jours du premier tour des élections municipales. Les professionnels de santé, qui se flattent d'être pour beaucoup dans la défaite de la droite aux élections législatives de 1997, en s'insurgeant contre le plan Juppé, souhaitent donc agiter une fois de plus la menace du bulletin de vote. En direction de la gauche, cette fois. « Notre arme désormais, c'est le bulletin de vote », n'hésite pas à affirmer le Dr Jean Gras, président de la Fédération des médecins de France (FMF), qui regrette que le gouvernement « nous néglige et nous méprise ». « Nous avons clairement un message à faire passer aux hommes politiques avant le scrutin », renchérit le Dr Dinorino Cabrera, le président du Syndicat des médecins libéraux (SML) dont le syndicat s'associera également à la mobilisation.
Les modalités de cette nouvelle journée « santé morte » n'ont pas encore été définies avec précision, mais la mobilisation devrait se traduire principalement par une cessation de l'activité des professionnels de santé et par une information des patients, notamment par le biais d'opération de consultations ou de dépistages gratuits.
Le bilan de cette action et de la concertation engagée par Elisabeth Guigou sera ensuite établi lors des assises du Centre national des professions de santé qui se tiendront les 30 et 31 mars prochain à Paris. Le président du CNPS y souhaite la présence du Premier ministre et organisera un débat sur le thème : « Quelle protection sociale pour demain ? Quels soins et quelle prise en charge ? », qui devrait déboucher sur de nouvelles propositions de réforme.
Le Medef veut ouvrir rapidement le dossier de l'assurance-maladie
Ernest-Antoine Seillière, président du Medef, a affirmé son intention d'ouvrir un sixième dossier de la « refondation sociale », celui de l'assurance-maladie.
« Nous cherchons à trouver une date sur l'assurance-maladie dans le courant du mois de mars. C'est un dossier dont nous attendons beaucoup », a déclaré M. Seillière.
Un cinquième dossier, celui de la formation professionnelle, a été ouvert à la fin de décembre, mais la négociation entre syndicats et patronat n'a pas vraiment commencé.
« Le Medef fait son travail avec détermination, sans se décourager », a ajouté le président de l'organisation patronale, en regrettant le « climat » actuel dans lequel « le gouvernement semble préférer l'immobilisme et regarde avec un peu de méfiance les initiatives de la société civile ».
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