LE RESULTAT du travail de Dieter Jocham (université de Lubeck, Allemagne) et coll. publié dans le « Lancet » pourrait représenter un pas en avant vers un traitement adjuvant du cancer rénal après résection. Le risque de récidive est de 50 % et on ne peut actuellement proposer de traitement adjuvant efficace.
L'induction d'un effet biologique entraînant un rejet ou une suppression du cancer est une voie particulièrement explorée dans le cancer du rein, car la tumeur a la particularité d'être parfois susceptible aux attaques immunitaires.
Produits dérivés de la tumeur autologue.
Dieter Jocham et coll. se sont appuyés sur des essais préliminaires qui ont montré des effets avec un vaccin réalisé à partir de produits dérivés de la tumeur autologue (aTL) et préparés individuellement. Pour la première fois, ils présentent une étude randomisée de phase III avec un tel vaccin.
Ils ont inclus dans l'étude 558 patients qui étaient programmés pour subir une néphrectomie radicale après un diagnostic de cancer rénal. Ils ont été randomisés pour recevoir, après l'intervention, le vaccin réalisé à partir des cellules cancéreuses rénales autologues ou bien aucun traitement (groupe témoin).
Le critère principal d'analyse était constitué par la réduction du risque de progression tumorale. Tous les patients ont été évalués à intervalle de six mois, pendant un minimum de quatre à cinq ans.
Des données pour une analyse en intention de traiter ont été disponibles pour 379 d'entre eux. Elles montrent des taux de survie sans progression de 77 % dans le groupe vacciné, contre 68 % chez les témoins à cinq ans. A 60 mois (5,8 ans), la progression sans tumeur est de 67,5 % dans le groupe aTL versus 49,7 % dans le groupe témoin (p = 0,039).
En outre, les risques relatifs de progression tumorale au terme de 5 ans et de 70 mois de suivi sont respectivement de 1,58 et de 1,59 en faveur du groupe vacciné (p = 0,02).
Carcinome de plus de 2,5 cm.
Ce qui permet aux auteurs de conclure que ce type de vaccin réalisé avec les cellules tumorales mérite d'être étudié plus avant, donnant des résultats positifs « chez les patients traités par néphrectomie radicale pour un carcinome de plus de 2,5 cm de diamètre et limité au rein ».
En cas de cancer du rein, il n'existe pas d'approche adjuvante ayant un effet reconnu. « La période postrésection constitue une occasion immunologique particulière : la masse tumorale résiduelle est de faible volume et le système immunitaire est délivré de la tâche de supprimer de la tumeur », notent Mayer Fishman et Scott Antonia (Tampa, Etats-Unis) dans un commentaire.
Ils relèvent aussi que le vaccin s'est révélé bien toléré, avec au total seulement douze effets secondaires associés au traitement, ce qui est de bon augure pour cette approche biologique en « autorisant une réadministration non toxique de matériel dérivé d'une tumeur ».
Ils observent aussi que le vaccin mis au point est dénué de matériel recombinant ou allogénique et n'a pas requis d'irradiation préalable.
Les résultats semblent indiquer l'implication de déterminants signifiants de la réponse vaccinale tels que l'expression du CMH ou bien de la compétence immunitaire (cellules dendritiques et fonction lymphocytaire T).
« The Lancet », vol. 363, 21 février 2004, pp. 594-599, et commentaire, pp. 583-584.
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