Leucémies : dans un an, une nouvelle immunothérapie sera testée à Londres

Publié le 23/01/2001
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De notre correspondant
à Londres

I L faut tout d'abord rappeler les fonctions du gène WT-1. « Le gène WT-1 a un rôle essentiel dans l'embryogenèse et la différenciation tissulaire », explique au « Quotidien » Hans Strauss. « Des études expérimentales chez la souris ont montré que sa délétion conduit à des anomalies majeures de l'embryogenèse ». Ce gène, qui agit comme facteur de transcription, est exprimé dans la tumeur de Wilms (néphroblastome), mais il a également été mis en évidence dans des lignées cellulaires isolées chez des patients atteints de divers cancers (sein, poumon, ovaire, etc.).

« Le gène WT-1, ajoute H. Strauss, est inhibé dans la majorité des cellules de l'organisme après la naissance, bien qu'il reste exprimé dans certaines cellules de la moelle osseuse et du rein. Nous avons circonvenu cette difficulté en rendant des cellules immunitaires extraites de sujets sains capables de reconnaître le gène WT-1. Des travaux expérimentaux ultérieurs ont montré que ces cellules, ainsi modifiées, étaient capables de reconnaître et de tuer les cellules leucémiques, exprimant fortement le gène WT-1, mais non les cellules normales, qui l'expriment faiblement. »

La plupart des leucémies de l'adulte et de l'enfant : LMA, LLA et LMC

Le gène WT-1 est exprimé dans la plupart des leucémies (de l'adulte et de l'enfant), en particulier la leucémie myéloïde aiguë, la leucémie lymphocytaire aiguë et la leucémie myéloïde chronique.
« Dans un essai de phase 1, qui sera conduite en collaboration avec le Pr John Goldman (département d'hématologie, Hammersmith Hospital, Londres), des cellules similaires à celles que nous avons produites en laboratoire seront injectées à dix patients (âge : 18 à 65 ans) pour évaluer la toxicité potentielle de ce traitement. Ces cellules, des T-lymphocytes cytotoxiques CD-8, seront prélevées chez des donneurs non apparentés aux patients. »
« Pour éviter le rejet de ces cellules par le système immunitaire des patients, poursuit le chercheur britannique, ces derniers seront préalablement traités par des médicaments anticancéreux en vue de réduire le nombre de cellules leucémiques, mais aussi dans l'intention d'utiliser l'état d'immunosuppression induit par ces médicaments pour minimiser le risque de rejet des lymphocytes des donneurs. »

Incorporation dans un vaccin

H. Strauss précise que le protocole de l'essai de phase I a été approuvé et que la production de lymphocytes adaptés à l'utilisation dans un essai clinique prendra de six à douze mois.
Si l'essai de phase I est satisfaisant, un essai de phase II sera conduit. « Cette fois, les lymphocytes exprimant WT-1 seront incorporés dans un vaccin qui devrait stimuler les réponses immunitaires de l'organisme des patients contre les cellules cancéreuses et les tuer. Le type de vaccin utilisé n'a pas encore été décidé à l'heure actuelle ».

Cancer du sein et du poumon

S'il est montré que ce type d'immunothérapie est efficace dans le traitement de la leucémie, il est probable, estime le chercheur britannique, que le même protocole pourra être appliqué dans le traitement d'autres cancers, tels que le cancer mammaire ou pulmonaire. Il n'en souligne pas moins que les traitements conventionnels resteront nécessaires. L'intérêt de l'immunothérapie sera de pouvoir atteindre les cellules résistant aux médicaments classiques et de réduire ainsi le taux de récidives.

(1) Lire « le Quotidien » du 17 janvier 2001.

Dr Bernard GOLFIER

Source : lequotidiendumedecin.fr: 6841