L'immunothérapie Keytruda® en 1ère ligne pour certains cancers du poumon métastatiques

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Publié le 28/11/2017
Keytruda

Keytruda
Crédit photo : Merck

Le Comité économique des produits de santé (CEPS) et le laboratoire MSD (Merck) viennent de trouver un accord sur le prix du pembrolizumab (Keytruda®). Résultat : cette immunothérapie est désormais disponible dans le traitement en première ligne en monothérapie pour le cancer bronchique non à petites cellules (CBNPC) métastatique et dont la tumeur exprime le PDL1 ≥ 50 %, sans mutation EGFR ou ALK. Ce qui représente en France environ 6 000 patients éligibles à ce traitement. « Par rapport aux pincipaux autres pays européens, la France est le dernier pays où ce traitement devient accessible », indique le Dr Nassima Mimoun, directrice Oncologie, MSD France.

C'est une information majeure dans le domaine de la cancérologie, en raison de la forte prévalence de ce cancer qui est diagnostiqué dans la majorité des cas à un stade métastatique, dont le pronostic reste sombre. « De récentes études ont montré que dans la vraie vie, 80% de ces patients traités par chimiothérapie décèdent dans l'année », explique le Pr Christos Chouaid, pneumologue, spécialiste en oncologie, CHI Créteil. À noter cependant que l'on dispose pour ces cancers, depuis quelques années, de traitements d'immunothérapie en seconde ligne (pembrolizumab ou nivolumab).

Une survie globale médiane X 2

Les derniers résultats de l’étude Keynote-024 portant sur le pembrolizumab, et présentés en octobre dernier, lors de la 18e Conférence mondiale sur le cancer du poumon, ont montré des bénéfices importants. Chez des patients atteints d’un CBNPC avec un niveau de PDL1 ≥ 50 %, on parvient à une survie globale médiane de 30 mois pour le groupe pembrolizumab contre 14,2 mois pour le groupe chimiothérapie. Cette immunothérapie a plus que doublé la survie globale médiane par rapport à la chimiothérapie, après deux ans de suivi du traitement en première ligne. « Pour un certain nombre de patients dont il est difficile d'évaluer le nombre, nous parvenons même à des réponses complètes et avec aujourd'hui des survies durables de 3, 4, 5 ans... », précise le Dr Aurélien Marabelle, cancérologue, directeur clinique du programme d’immunothérapie à l’Institut Gustave Roussy.

Le test compagnon en amont

Avant d'envisager ce traitement, une analyse de la tumeur, avec en particulier un test dit « compagnon » d'immunohistochimie est indispensable. Il s'agit de rechercher la présence de la protéine PDL1 sur les cellules tumorales en quantité suffisante (chez plus 50 % d'entre elles). Le résultat est connu au bout de trois à cinq jours. « Il y a plus d'un an, j'ai été missionné par L’INCA, pour mettre en place un groupe de travail sur une harmonisation de ces tests, sur les recommandations de bonnes pratiques, et sur leur diffusion au niveau national (avec formation sur le terrain des pathologistes). Grâce à ce travail effectué en amont, aujourd'hui plus de 500 pathologistes ont été formés à cette technique », précise le Pr Frédérique Penault-Llorca, anatomopathologiste, directrice du CLCC Jean Perrin de Clermont-Ferrand.

Le traitement par pembrolizumab s'administre par voie intraveineuse durant une trentaine de minutes, une fois toutes les trois semaines. « Ces immunothérapies sont généralement bien tolérées. Les effets indésirables – rares - sont très différents des médicaments cytotoxiques. Dans environ 10 % des cas environ, elles provoquent une toxicité sévère d’auto-immunité : colite inflammatoire, psoriasis, lupus… », précise le Dr Aurélien Marabelle.

 


Source : lequotidiendumedecin.fr