L’INTRODUCTION de la tarification à l’activité (T2A) à l’hôpital a-t-elle eu un impact sur les pratiques médicales ? Ce nouveau mode de financement est-il réellement adapté à toutes les missions de l’hôpital ? Ces questions sont régulièrement soulevées, depuis quelques années, par un certain nombre de médecins qui mettent en garde contre un risque de dérives liées à la T2A. Ils font valoir qu’avec ce mode de financement, certaines interventions ou soins sont très « rentables » et d’autres beaucoup moins. Ce qui, selon eux, pourrait inciter les hôpitaux se lancer dans une « course » à la rentabilité, en laissant de côté certaines missions inhérentes au service public.
« C’est un discours qui se développe dans les hôpitaux, c’est vrai. Il y a des interrogations dans certains services. Mais cela n’empêche pas les médecins hospitaliers de continuer à accueillir et à soigner tous les patients qui doivent l’être », souligne le Dr Sophie Baron, du département de l’Information médicale de l’hôpital Avicenne de Bobigny.
Le Dr Baron rappelle que ce mode de financement fonde l’allocation des ressources sur l’activité effective réalisée par l’établissement. « La T2A utilise la description de l’activité faite via le programme de médicalisation de l’information (PMSI). Le séjour d’un patient est décrit en prenant en compte le motif d’admission et l’acte chirurgical (quand il y en a un), mais aussi en prenant en compte les comorbidités du patient, et les éventuels incidents ou complications survenant au cours du séjour », indique le Dr Baron, en précisant que le codage des séjours « consiste à en donner une description qui soit la plus fidèle possible à la réalité afin de classer le séjour dans le juste groupe homogène de malade (GHM) qui rémunérera le plus correctement le séjour ».
Pour le Dr Baron, la T2A améliore globalement l’efficience des soins, et a entraîné une diminution importante de la durée de séjour dans les établissements de santé de court séjour. « Cela a eu aussi un impact dans l’organisation de certaines filières de soins. Par exemple, les patients, à qui on vient de poser une prothèse de hanche, sont souvent envoyés plus vite en rééducation. On peut y voir une volonté de réduire les durées de séjour à cause de la T2A. Mais c’est aussi un élément d’efficience car ces patients ont besoin de rééducation et n’ont pas vocation à rester trop longtemps dans du MCO », souligne le Dr Baron, en précisant que la qualité des soins n’est pas encore prise en compte dans la rémunération des établissements, faute d’indicateurs. « C’est un axe de travail qui doit être développé », souligne-t-elle.
Le Dr Baron fait un autre constat, plutôt favorable à l’orthopédie. « Plus une discipline est technique, plus elle se prête au financement via la T2A. Il s’agit d’un financement plus adapté aux services de chirurgie ayant une large activité programmée qu’aux services de médecine où il faut parfois de nombreuses investigations sans toujours parvenir à établir un diagnostic qui pourra être codé. Tandis qu’en chirurgie programmée, le patient vient pour une intervention précise et sort souvent assez rapidement », indique le Dr Baron, en reconnaissant que la chirurgie, réalisée en urgence, est de nature un peu différente. « Par exemple, au départ, la rémunération était la même pour la pose d’une prothèse de hanche pour une coxarthrose ou pour une fracture du col du fémur. Et les chirurgiens orthopédiques ont fait valoir que, pour un patient qui arrive aux urgences, on mobilise d’autres ressources que pour une intervention programmée. Ils ont été entendus puisque, désormais, il existe deux GHM différents », indique le Dr Baron.
D’après un entretien avec le Dr Sophie Baron, département de l’Information médicale, hôpital Avicenne, Bobigny.
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