L'OMS veut limiter les interventions médicales inutiles lors de l'accouchement

Publié le 16/02/2018

Depuis plus de 20 ans et quel que soit le pays, les accouchements sont de plus en plus médicalisés, sans que cela soit justifié. Le recours excessif à la césarienne et aux injections d'ocytocine a notamment été pointé du doigt. Face à ce constat, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a publié des nouvelles recommandations en faveur d'une expérience positive de l'accouchement, avec pour objectif une réduction du nombre d'interventions inutiles chez les femmes enceintes en bonne santé.
L'OMS rappelle que « l'accouchement est un processus physiologique normal qui peut se dérouler sans complication pour la majorité des femmes et des enfants ». Les récentes recommandations de la Haute Autorité de santé (HAS) sur l'accouchement normal vont dans le même sens. 

Ces recommandations se basent sur 56 axes portant sur les trois étapes du travail (de la dilatation du col à la délivrance), la naissance et les soins à prodiguer à la femme et au bébé immédiatement après l'accouchement.

Valeur de référence de vitesse de dilatation du col remise en cause

Parmi ces recommandations, l'OMS souhaite que soient privilégiés des soins respectueux, une communication efficace entre soignants et femmes et la possibilité pour les femmes d'être accompagnées par la personne de son choix, tout au long de ces étapes.

L'OMS rappelle que la durée de la première étape du travail (dilatation du col) est très variable d'une femme à l'autre. Une durée inférieure à 12 heures est considérée comme normal pour un premier enfant (10 heures sinon).

Ce rapport remet également en cause la valeur de référence de vitesse de dilatation du col de 1 cm/heure au cours de la première phase de travail, jugée inappropriée pour déterminer les femmes à risque. Depuis les années 1950, lorsque les médecins et le personnel soignant sont confrontés à un travail plus lent que cette référence, « la tendance est d'agir », a expliqué Olufemi Oladapo, médecin du département de santé reproductive de l'OMS, lors d'un point-presse jeudi à Genève, soit par le biais d'une césarienne, soit avec l'utilisation de médicaments comme l'ocytocine, entraînant une médicalisation accrue de l'accouchement. « Des recherches récentes ont montré que cette référence ne s'applique pas à toutes les femmes et que chaque naissance est unique », a souligné Olufemi Oladapo avant d'ajouter : « La recommandation que nous faisons maintenant est que ce seuil ne devrait pas être utilisé pour identifier les femmes à risque. »

L'OMS plaide aussi en faveur d'une plus grande implication de femmes dans les décisions de soins, quel que soit le déroulé de l'accouchement. 

Charlène Catalifaud

Source : lequotidiendumedecin.fr