Editorial

Low cost ?

Par
Publié le 19/02/2018
Article réservé aux abonnés

C’est une affaire qui colle aux basques des autorités françaises comme le fameux sparadrap sous la chaussure du capitaine Haddock. Le Parlement vient d’avaliser l’ordonnance organisant la reconnaissance de l’accès partiel de ressortissants européens aux professions de santé. D’ordinaire, ce type de ratification a posteriori tient de la simple formalité. Cette fois, il a ravivé, dans et hors de l’hémicycle, le spectre d’une médecine « low cost ». Sur cette question, le gouvernement avance l’épée dans les reins, pressé de donner corps à une directive européenne élargissant la reconnaissance des compétences, y compris quand le périmètre de celles-ci n’est pas identique entre États membres. La France s’emploie à combler rapidement son retard, car la norme de l’UE date de 2016…

Fallait-il pour autant confondre vitesse et précipitation ? C’est ce que les acteurs de santé, syndicats de libéraux en tête, lui reprochent, arguant qu’on ouvre ainsi la porte à des « sous professionnels ». Au Centre national des professions de santé, on fait de ce dossier un véritable casus belli. Et on soutient que le décret de novembre organisant le dispositif concerne implicitement les professions à reconnaissance automatique : autrement dit, les médecins aussi… Sur ce dossier, la ministre promet pourtant une extrême vigilance. On veut bien la croire. Mais prudence est mère de sûreté : car les gouvernements passent et souvent les textes demeurent… Le contentieux devrait être tranché par le Conseil d’État. Mais pour l’heure, l’affaire tient du paradoxe, alors même que l’on réclamera bientôt de nos lecteurs de se soumettre à recertification…

Jean Paillard

Source : Le Quotidien du médecin: 9641