LES 33 MINEURS bloqués depuis le 5 août au fond d’une mine chilienne sont dans un état « raisonnable » malgré la perte de poids et la déshydratation, selon le ministre de la Santé chilien Jaime Manalich. Ils auraient perdu entre 8 et 10 kg pendant les 17 jours où ils sont restés sans contact, jusqu’à leur découverte. Bloqués à 700 mètres sous terre depuis un éboulement dans la mine de cuivre et d’or de San Jose, dans le nord du pays, ils se sont réfugiés dans une galerie longue d’environ 1,5 km où l’oxygène est renouvelé. Les mineurs ont été piégés quelques heures après avoir pris leur tour ce qui laisse supposer qu’ils possédaient quelques vivres. Par ailleurs, la zone souterraine où ils ont trouvé refuge était équipée pour environ 72 heures de survie. Il n’empêche, il leur a fallu une organisation de fer pour tenir pendant cette quinzaine de jours. « Ils mangeaient deux cuillerées de thon toutes les 48 heures et un demi-verre de lait » a indiqué la sénatrice Isabel Allende. Un premier contact a pu être établi avec eux grâce à des engins qui ont percé un étroit conduit par où passent, dans des canalisations d’acier dénommés par les secouristes, les « palomas » ou « pigeons voyageurs », du ravitaillement et des messages de l’extérieur.
Une phase d’euphorie.
« J’imagine qu’ils ont dû connaître une phase d’euphorie quand la jonction a été faite avec la surface. Ça a sûrement dû jouer sur leur moral même s’ils ne sont pas sûrs à cent pour cent de sortir vivants », indique au « Quotidien » le Dr France Rocourt, anesthésiste au CHU de Grenoble et membre de l’équipe spécialisée du spéléo-secours français. Confinés dans une atmosphère d’environ 33 degrés, les mineurs « doivent rester positifs » et bouger comme s’ils étaient dans un sous-marin. Des lettres écrites par leurs proches sur le conseil de psychologues leur ont été acheminées. « Ils savent que les gens se battent pour eux, à la surface » poursuit France Rocourt. Spécialiste du secours en montagne, elle estime que l’enfermement auquel sont sûrement soumis les deux journalistes de France 3 enlevés en Afghanistan en décembre dernier, Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, est bien plus préoccupant. « Il est possible que les mineurs souffrent d’un syndrome post-traumatique à leur sortie mais il ne faut pas oublier que ce sont des gens habitués à travailler dans des conditions difficiles : il faut avoir déjà un profil psychologique particulier pour supporter une telle atmosphère. Par ailleurs, ils sont très solidaires », ajoute-t-elle. Par chance, deux d’entre eux ont « une connaissance assez importante de techniques d’infirmerie, ce qui représente évidemment un immense atout dans cette situation », a précisé le ministre Jaime Manalich qui coordonne le suivi médical. Les mineurs ont reçu des thermomètres, tensiomètres, kits d’analyse d’urine. « Nous devons nous imaginer qu’ils vont recevoir une visite médicale tous les jours et établir des règles nutritionnelles et cliniques pour chacun », a-t-il déclaré. Outre de l’eau et du sérum glucosé, ils ont reçu une soupe concentrée et des premières barres de céréales « avec quoi on arrive à peu près à 800 calories par jour ».
Exercices quotidiens.
Après cette première phase de réalimentation et de réhydratation, chacun devrait recevoir 2 000 calories quotidiennes. Quatre experts de la NASA, l’agence spatiale américaine, sont attendus sur place pour donner, notamment, des conseils nutritionnels. Une vidéo-conférence doit être montée avec les mineurs dans les jours à venir, via une micro-camera haute définition glissée dans un conduit, pour examiner leurs « problèmes cutanés ou oculaires » dus à la poussière. Il leur faudra suivre également un programme d’exercices physiques quotidien pour éviter une atrophie musculaire. Tout est fait pour prévenir un abattement afin de leur donner la force de tenir les trois à quatre mois prévus avant leur libération. Un puissant excavateur doit forer un puits, sur 700 mètres, de 66 centimètres de large par où les hommes seront extraits un à un. Pour éviter un nouvel éboulement, l’engin ne peut progresser que de 8 à 15 mètres par jour. « Il serait naïf de croire qu’ils vont être capables de conserver le mental incroyable dont ils ont fait preuve pendant si longtemps », a prévenu le ministre Jaime Manalich. « Ils doivent essayer de vivre comme tous les jours pour meubler l’attente », conclut le Dr Rocourt.
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