L'ambiance était animée et bon enfant, ce vendredi, pour les Journées nationales de la Fédération française des maisons et pôles de santé (FFMPS), à Dijon, sous le signe porteur de la « pluripro ». Quelque 1 200 congressistes se sont pressés à ce rendez-vous incontournable pour les médecins engagés dans les MSP, une fréquentation en augmentation, signe de la vitalité du secteur.
Habituée, le Dr Marie France Gérard, créatrice d’une maison de santé à Vicherey (Vosges), ne cache pas sa satisfaction. « Nous avons vraiment eu raison de créer cette structure il y a 10 ans. Aujourd’hui, j’espère pouvoir faire venir des étudiants, c’est cela la plus grosse difficulté ». Plus loin, le Dr Thierry Devaux, généraliste à Longuyon (Meurthe-et-Moselle), est lui aussi un « vieux de la vieille ». Installé en plein désert médical, le médecin annonce fièrement la création de la plus grande MSP (vingt-cinq professionnels dont six médecins) du territoire. « Les médecins ont accepté de se regrouper. C’est une avancée importante et j’y crois », témoigne-t-il.
« On ne nous parle que des CPTS »
Dans les allées bondées, les discussions vont bon train sur l’évolution des structures pluriprofessionnelles ou les négociations interpro sur les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS). Des doutes se lisent sur les visages lorsqu'on mentionne ces nouveaux groupements de libéraux (les CPTS) au cœur de la réorganisation territoriale.
Lors de son discours d’ouverture, le Dr Pascal Gendry, président de la FFMPS, a été offensif. « Depuis quelques mois, on ne nous parle que de CPTS ! C’est devenu la priorité des élus, des politiques, des ARS et même des syndicats. Au point de mettre au second plan les maisons de santé et les équipes de soins primaires. Mais est-ce que c’est la priorité des patients, des professionnels ? Le président de la République a évoqué trop brièvement (...) la nécessité d’accélérer le mouvement des maisons de santé. Nous avons besoin de la part du ministère d’entendre la réaffirmation de cet objectif », plaide-t-il.
Pas une menace
Une plaidoirie entendue au ministère de la Santé. Devant les amphis bondés, le message (vidéo) d'Agnès Buzyn visait à rassurer ces pionniers de l’exercice coordonné. « La création des CPTS ne doit en aucun cas être perçue comme une menace. Je vois bien au contraire que les MSP et les CPTS ont vocation à se compléter dans des dynamiques vertueuses. Je n’oublie pas que les premières CPTS ont été initiées et animées par les maisons de santé ». Un message repris en chœur par Cécile Courrèges, directrice générale de l'offre de soins (DGOS) et par Nicolas Revel, patron de l'Assurance-maladie. « Il ne doit pas y avoir de concurrence entre équipes de soins primaires, maisons de santé et CPTS », a martelé Cécile Courrèges.
La FFMPS a porté plusieurs revendications pour « aller plus loin » dans l'exercice coordonné. Il s'agit d'orienter les aides des ARS « partout où les équipes en ont besoin » et non pas seulement dans les zones sous-denses ; de prévoir un financement pour les équipes de soins primaires moins matures en fonction de leur progression (dans les indicateurs) ou de revoir le calcul du financement de l'accord conventionnel interprofessionnel (ACI) en fonction de la patientèle de « l'équipe traitante » et non plus du seul médecin traitant.
Vers une ROSP collective ?
Interpellé, Nicolas Revel s'est dit ouvert à engager cette réflexion. « Je suis sensible au raisonnement. Pourquoi ne pas passer de la patientèle du médecin traitant à une patientèle plus large ? » Autre revendication : la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) des équipes déjà matures. « Aujourd'hui, l'Assurance-maladie finance la structure et non les individus, concède le patron de la CNAM. Mais on peut imaginer de franchir un pas. Certains évoquent une ROSP collective. Ce sont des sujets à réfléchir de façon optionnelle. On ne doit pas bloquer. »
Nicolas Revel promet d'ouvrir avant l'été des négociations pour revoir l'accord conventionnel interprofessionnel (ACI) des maisons de santé.
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