CLASSIQUE/DANSE
Par Olivier Brunel
E LEVE du soprano espagnol Elvira de Hidalgo, elle fit des débuts italiens à Vérone avec « la Gioconda » de Ponchielli avant d'entamer une carrière internationale jalonnée de triomphes, mais aussi de scandales. Grâce à un physique de tragédienne bouleversant et un talent scénique singulier, elle a rendu possible la renaissance du mélodrame italien avec les reines outragées de Donizetti, des tragédies comme « Medea », de Cherubini, « la Vestale », de Spontini. Si Verdi est le compositeur qu'elle a le plus chanté sur scène avec dix rôles à son répertoire, elle a laissé une empreinte indélébile sur des rôles comme Rosina du « Barbier de Séville », « Norma » et « Tosca ». Sur scène, son art a culminé dans les années cinquante mais sa carrière au disque a été plus forte qu'au théâtre, elle y chante pour des générations toujours renouvelées.
« La Traviata »
Maria Callas n'a pas, pour des raisons contractuelles, enregistré « la Traviata » en studio pour son éditeur EMI. Celui-ci (1) est le reflet radiophonique, dans un son très acceptable, d'un des soirs de la fameuse production de Lucchino Visconti et Lila de Nobili à la Scala de Milan en 1955, une des 63 représentations de l'uvre que chanta la diva dans le monde entier. Elle y est à l'apogée de son art vocal, tout comme son partenaire Giuseppe di Stefano. Carlo Maria Giulini dirige dans le même sens que l'esthétique de Visconti. On est au ciel !
« Macbeth »
Derrière un son très difficile se cache une leçon de théâtre irremplaçable ! Ce « Macbeth » enregistré par la Radio Italienne lors de l'ouverture de La Scala de Milan en 1952, affichait Maria Callas en Lady Macbeth ahurissante de virtuosité, de dramatisation et d'engagement satanique sous la direction fougueuse et très attentive de Victor de Sabata. Les autres protagonistes ne sont pas au même niveau mais la conservation de cette soirée mémorable, qui fut l'ancêtre des disques pirates et finalement récupérée par l'éditeur exclusif de Maria Callas, est une aubaine pour les initiés (2).
« Un Ballo in maschera »
Pour cet opéra politique d'une grande vérité dramatique, la distribution du spectacle de 1956 à La Scala de Milan pouvait paraître idéale : Maria Callas à son apogée, Tito Gobbi le partenaire de sa légendaire Tosca, Giuseppe Di Stefano au sex appeal vocal indéniable. Antonio Votto donne au drame ce qu'il faut de vibrant. C'est cependant l'incarnation de Callas en Amelia qui fait le poids de cet enregistrement (3).
Airs de Verdi
Cette perle est issue d'un collier qui comprend en onze volumes tous les airs d'opéra gravés par Maria Callas. Enregistré en 1958 dans les fameux studios londoniens d'Abbey Road, ce premier de deux volumes consacrés à Verdi, comprend les trois airs vertigineux de Lady Macbeth, puis un air de « Nabucco », d'« Ernani » et de « Don Carlo ». La diva y est divine et la direction de Nicola Rescigno très théâtrale (4).
(1) EMI. 2 CD.
(2) EMI. 2 CD (enregistrement en public).
(3) EMI. 2 CD.
(4) EMI. 1 CD.
Fascinant Saarinen
Bénéficiant du soutien de la Ville de Paris, L'Atelier de Paris-Carolyn Carlson, installé depuis 1999 à la Cartoucherie de Vincennes, est un centre de création mais aussi de master-class où les plus grands chorégraphes viennent enseigner. Pour sa participation à la toute nouvelle manifestation Capital Danse au Théâtre Sylvia Monfort (« le Quotidien » du 29 janvier), elle a choisi de présenter quatre solos dont une création.
Q UATRE formidables danseurs ont fait l'unité de ce spectacle intitulé « Spiritual warriors », constitué de quatre solos chorégraphiés par Carolyn Carlson. Cela ne suffisait pas, hélas, à en faire une grande soirée, tant l'intérêt était inégalement soutenu par les chorégraphies présentées.
« Man over Mountain », création de la soirée, commence bien, avec un dispositif poétique et de superbes éclairages évoquant l'Himalaya. Mais le solo, interprété dans un style très félin par le Japonais Yutaka Takei, tourne vite à la monotonie, ne soutenant pas l'intérêt pendant vingt-deux minutes malgré la musique interprétée sur scène par le Tibétain Tenzin Gönpo, sur divers instruments et dans un mouvement qui contrarie d'ailleurs la pureté de celui du danseur.
De même, le solo de l'Israélienne Talia Paz, « La Parola dell'acqua », créé à la Biennale de Venise en 1999, sur des musiques celtiques et aussi superbement éclairé, n'est qu'une répétition de mouvements nerveux et déhanchés, magnifiquement exécutés mais trop pauvres pour être le seul intérêt pendant seize minutes.
La chorégraphe américaine apparaît elle-même dans un énorme sac poubelle dont elle finit par s'extraire à grand renfort de reptations et de moulinets de bras, sur un bruitage magnétique de Luigi Nono, le tout durant quatorze minutes et portant le nom de « Il vuoto dell'acqua », reprise de la Biennale de Venise 1999.
Qu'on ne pense pas qu'il y a plus de matière grise dans le solo de vingt-trois minutes intitulé « Man in a room », créé à Venise en 2000 et dansé avec beaucoup d'esprit par Tero Saarinen sur des musiques de Gavin Bryars et d'Apocalyptica. C'est parce qu'il y a tant d'énergie communicative, tant d'habileté à occuper l'espace dans la danse de ce petit elfe finlandais aux pieds grands comme des palmes, que l'on est obligé de suivre une action bien mince elle aussi. Etats d'âmes pour se décider à choisir parmi des pantalons bariolés disposés sur une table de dessin, entrecoupés de peinturlurages de son corps façon « le Pacte des loups ». On ne sait trop quel fil suivre mais on est captivé par la performance individuelle et c'est bien cela le but d'un solo. Alors, un sur quatre, finalement, ce n'est pas si mal !
Théâtre Sylvia-Monfort (01.56.08.33.89).
Un opéra d'après Kafka
L'Opéra de Paris présente en mars, à la salle Opéra-Bastille, la création de l'opéra en douze scènes « K... », de Philippe Manoury (né en 1952), d'après Franz Kafka. Le spectacle sera mis en scène par André Engel et dirigé par Dennis Russell Davies. La distribution comprendra Andreas Scheibner, Susan Anthony, Nora Gubisch, Nicolas Cavallier, Kenneth Riegel et Gregory Reinhart. La musique comporte une importante partie électronique réalisée dans les studios de l'IRCAM.
Opéra-Bastille (08.36.69.78.68), les 7, 10, 12, 20, 23 et 27 mars à 19 h 30. Places de 45 à 370 F.
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