MUNICIPALES 2001
De notre correspondante
L ES hôpitaux marseillais n'ont toujours pas de projet d'établissement, ce qui freine leur modernisation et entraîne des situations particulièrement difficiles pour certains services.
Un exemple : le schéma régional d'organisation sanitaire n'autorise plus que deux services d'accueil des urgences (SAU), situés à l'hôpital de la Conception et à l'hôpital Nord. Mais le service d'urgences de l'hôpital Sainte-Marguerite continue à fonctionner en attendant de savoir ce que va devenir l'hôpital, dont la suppression ou la reconversion est évoquée depuis longtemps.
Les élections municipales pourraient mettre un terme aux tergiversations auxquelles, on assiste depuis plusieurs années, notamment en ce qui concerne Sainte-Marguerite. D'autant que le scrutin va coïncider, à peu de choses près, avec l'arrivée d'un nouveau directeur général de l'Assistance publique, qui pourra bénéficier d'une situation politique éclaircie. En effet, même si Jean-Claude Gaudin reste à la tête de la mairie et donc du conseil d'administration des hôpitaux de Marseille, le nouveau directeur devrait avoir les coudées plus franches pour prendre des décisions sans doute impopulaires, comme la fermeture des lits aigus de l'hôpital Sainte-Marguerite.
Le programme électoral du maire sortant est clair : « Il faut construire un grand hôpital neuf » et l'option géographique retenue est le site des hôpitaux de la Timone et de la Conception (qui sont contigus) où seraient concentrés les plateaux techniques et les services les plus innovants.
Avec ses actuels pavillons et bâtiments annexes, ce site représente une vaste surface, il est cher au cur des Marseillais et il bénéficie déjà de la desserte par le métro. Autant d'atouts mis en valeur au cours de la campagne électorale du maire sortant.
Quel avenir pour Sainte-Marguerite?
Jean-Claude Gaudin insiste sur la vocation non seulement régionale, mais aussi nationale et euro-méditerranéenne que devrait avoir le nouvel établissement.
Prenant en compte le dynamisme des cliniques qui, à Marseille, représentent une offre de soins plus importante que celle du secteur public, Jean-Claude Gaudin estime que les hôpitaux publics ne doivent pas « se résoudre à accepter que certaines disciplines médicales ou chirurgicales ne soient pratiquement plus traitées en leur sein, faute de moyens humains ou matériels ».
La valorisation de l'établissement du centre-ville devrait s'accompagner de la rénovation et de la construction de nouveaux bâtiments à l'hôpital Nord. Quant à l'hôpital Sainte-Marguerite, il devrait « jouer un rôle déterminant pendant la période intermédiaire de réalisation du nouvel hôpital ». Il pourrait ensuite prendre en charge des personnes âgées (l'Assistance publique ne dispose actuellement d'aucune structure de long ou de moyen séjour) et des handicapés dépendants, développer les soins palliatifs et participer à un centre européen de biologie en cancérologie, en partenariat avec son voisin, l'institut Paoli-Calmette. Autant de dispositions qui, selon Jean-Claude Gaudin, devraient figurer dans le projet d'établissement de l'hôpital avant que l'on puisse évoquer une quelconque diminution du nombre de lits.
Hors-la-loi ?
Une partie de ces idées ne peut être que partagée par les opposants au maire sortant, réunis sur les listes d'union de la gauche des différents secteurs marseillais, sous la houlette du socialiste René Olmetta. Mais « dommage qu'il n'ait rien fait dans ce sens pendant son dernier mandat », soulignent ces opposants. Pour eux, « l'attitude d'attente de la municipalité sortante a mis Marseille dans une situation impossible : nous sommes hors-la-loi. Des travaux urgents sont à engager aussi bien à la Timone (900 millions de francs) qu'à Sainte-Marguerite (300 millions de francs) ».
La gauche pour un espace santé
En outre, l'opposition de gauche monte au créneau pour exiger le maintien de trois sites d'urgences, dont un à Sainte-Marguerite, pour desservir les quartiers sud de Marseille. Décidé à achever l'élaboration du projet d'établissement dès sa première année de mandat, René Olmetta affirme que, « dès son entrée en fonction, la nouvelle municipalité se rapprochera de l'Etat et engagera une consultation avec les médecins et personnels de santé, et avec les structures concernées : collectivités locales, caisses primaires, agence régionale d'hospitalisation ».
Mais les médecins figurant sur les listes d'union de la gauche estiment aussi qu' « il ne suffit pas d'organiser les conditions d'accueil dans les hôpitaux ou les centres de soins pour prendre en compte la situation sanitaire préoccupante de la population marseillaise ». Et ils se prononcent pour la création d'un « espace santé » qui serait au centre d'une nouvelle politique d'information sanitaire et de prévention du VIH, de l'alcoolisme, du tabagisme.
D'autres mesures seraient également prises avec le SAMU social pour prévenir le suicide des jeunes, et avec le conseil général pour faciliter le maintien à domicile des personnes âgées et la création de petites structures de quartiers pour celles dont l'état de santé exige un placement, mais qui ne veulent pas être coupées de leur environnement habituel.
Toutes ces idées commencent à faire leur chemin. Jointes à un bon panachage des candidats venus des différents mouvements de gauche et de la société civile, elles entraînent une remontée progressive des listes Olmetta dans les sondages. Pas assez toutefois pour leur permettre, sauf coup de théâtre, de détrôner le populaire Jean-Claude Gaudin.
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